En bien mauvaise posture depuis qu’il a terminé deuxième des primaires citoyennes, Manuel Valls s’est métamorphosé. Alors que le report des voix d’Arnaud Montebourg place Benoît Hamon largement favori pour remporter le match qui l’oppose à Manuel Valls, l’ancien Premier ministre a décidé d’attaquer frontalement son ancien ministre de l’Education. Là où Benoît Hamon estimait, hier, qu’il fallait arrêter « de faire de l’Islam un problème de la République », Manuel Valls a décidé de prendre le contrepied. Invité ce matin sur France Info, l’ancien Premier ministre s’en est directement pris à Benoît Hamon qui, selon lui, nourrit l’islamisme et le communautarisme. Manuel Valls a une « vision de la laïcité » opposée à celle du favori de la primaire. Il est notamment revenu sur la phrase de Benoît Hamon à propos des cafés de Sevran : « Il ne peut pas y avoir dans notre République, un interdit vis-à-vis de femmes, dans des lieux publics ou dans l’espace public », a indiqué Manuel Valls.
Deux conceptions de la laïcité
Mais pas question pour l’ex-locataire de Matignon de rester calme face à son adversaire. Pour Manuel Valls, « il y a des ambiguïtés, des risques d’accommodement » de la part de Benoît Hamon vis-à-vis de l’Islam politique. Une vraie attaque digne de la fachosphère, qui avait déjà baptisé dimanche soir le vainqueur du premier tour de la primaire « Bilal Hamon. » Une attaque à laquelle le principal intéressé n’a que peu goûté. Benoît Hamon explique : « On me fait le procès de quoi ? D’être élu de banlieue, d’être confronté à la réalité de ce communautarisme que je combats, autrement que par des mots. » Et Hamon de rappeler que Manuel Valls s’est totalement fourvoyé lorsqu’il a défendu les arrêtés anti-burkini : « C’est le Conseil d’Etat qui lui a rappelé ce qu’était la loi sur le burkini quand il s’est porté au secours des maires interdisant le burkini », a affirmé Benoît Hamon qui estime que Manuel Valls a une « vision dévoyée de la laïcité. »
« Hamon, le candidat des frères musulmans »
Mais l’équipe de Manuel Valls est bien déterminée à faire une fin de campagne au ras des pâquerettes. Cité par Le Monde, un proche de l’ancien Premier ministre affirme : « On va mettre le doigt sur le laxisme de Hamon par rapport à l’islamisme. » Malek Boutih parle, lui, de « laïcité soupe » et de clientélisme. Selon l’ancien de SOS Racisme, « Benoît Hamon a peur de dire un certain nombre de vérités par rapport aux communautaristes. » Il va même jusqu’à affirmer que l’adversaire de Manuel Valls est « le candidat des frères musulmans. » En cas de défaite, Manuel Valls aura en tout cas bien savonné la planche à Benoît Hamon et fait le jeu de François Fillon, voire du Front National. Si Benoît Hamon l’emporte, il serait étonnant que l’ex-Premier ministre le soutienne. A ce moment-là, Manuel Valls se tournera-t-il vers Emmanuel Macron ? Et sonnera-t-il ainsi la mort du Parti socialiste ?