En Belgique, depuis 2014, les opérations Belfi doivent permettre aux autorités, et notamment au parquet général de Bruxelles, de lutter contre les sources de financement du terrorisme.
Oui mais voilà, depuis quelques mois, musulmans et élus sont exaspérés des méthodes employées par les initiateurs de ces opérations, à savoir les polices judiciaire et locale, mais aussi les différents services d’inspection, fiscale, sociale ou environnementale.
En avril dernier, les élus socialistes dénonçaient par exemple des « listes d’enfants » demandées par l’Office national de l’Emploi (Onem). L’organisme aurait en effet demandé à une association gérant une mosquée bruxelloise une liste d’élèves fréquentant les cours de langue et les activités religieuses.
Un député socialiste, mécontent, s’en était également pris aux opérations Belfi qui auraient permis des contrôles le vendredi dans les mosquées. « C’est comme si des inspecteurs débarquaient en pleine messe du dimanche. Il ne s’agit pas d’une question de confession mais de principe », disait alors Ahmed Laaouej.
Dix mois plus tard, les opérations Belfi sont toujours autant critiquées. Les représentants de l’Islam en Belgique demandent notamment un traitement équivalent de tous les cultes. Si le problème de fichage a été, selon le ministre Jan Jambon, résolu, les descentes de polices sont, elles, toujours légion au moment de la prière du vendredi.
L’Union des Mosquées de Bruxelles et de sa région, notamment, demande plus de respect. « Nous ne sommes pas opposés aux contrôles mais nous demandons qu’ils aient lieu dans le respect. Ces descentes se font à l’aveuglette, de manière peu structurée. Nous sommes prêts à remettre tous les documents que l’on nous demande mais pourquoi faut-il le faire au moment de la prière ? », demande la fédération.
L’Union déplore le caractère soudain des contrôles. « L’Islam a été reconnu en Belgique en 1972 mais depuis lors peu de choses ont été faites. Il y a peu de mosquées reconnues, les dossiers prennent beaucoup de temps et nos lieux de culte fonctionnent la plupart du temps grâce à la bonne volonté des fidèles, souvent âgés et peu au fait des réalités administratives », indique Younès Chikri.
Rien qu’entre janvier 2016 et octobre 2017, 42 lieux de cultes ont été contrôlés par les autorités dans le cadre des opération Belfi. Mais également des crèches, des écoles et des associations sportives.