Le 1er janvier dernier, alors que les Flamands fêtaient le passage à la nouvelle année, responsables juifs et musulmans pestaient : Il s’agit d’« un jour triste pour les juifs d’Europe, un jour triste pour la liberté religieuse en Europe », disait par exemple le rabbin Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence des rabbins européens. La faute à une décision du Parlement de Flandres, qui avait voté six mois plus tôt — à l’unanimité — une résolution interdisant l’abattage rituel des ovins et bovins sans étourdissement.
Cette résolution est donc entrée en vigueur en début de mois. Et elle touche plus particulièrement les communautés musulmanes et juives d’Anvers et de Bruxelles. L’abattage rituel n’est pas entièrement interdit, mais le nouveau texte exige que les animaux soient étourdis au moyen de l’électronarcose avant d’être égorgés à l’abattoir. Or, ce moyen d’étourdir la bête n’est généralement pas accepté par les juifs et les musulmans.
Le rabbin d’Anvers, Yaakov David Schmahl, y voit une décision antisémite : « C’est difficile de savoir quelles sont les véritables intentions derrière cette loi. Pour cela, il faudrait que les gens disent clairement ce qu’ils ont derrière la tête, mais les antisémites ne font jamais ça. » L’Exécutif des Musulmans de Belgique, lui, avait déjà fait part de ses « doutes sérieux sur la compatibilité du texte avec le libre exercice des rites religieux » lorsque la Wallonie, l’autre partie de la Belgique, avait indiqué vouloir elle aussi interdire l’abattage rituel sans étourdissement.
Du côté des associations de bien-être animal, on se laisse à de la théologie de comptoir teintée d’islamophobie et d’antisémitisme : selon Anne De Greef, directrice de GAIA, « les autorités religieuses (…) veulent continuer à vivre au Moyen-Âge et tuer les animaux sans étourdissement, vu que la technique n’existait pas à l’époque, sans devoir appliquer la loi. Désolée, mais en Belgique, la loi l’emporte sur la religion, et cela va continuer comme ça. »
Mimi Bekhechi, directrice des programmes internationaux chez Peta, demande aux autorités d’accepter l’étourdissement : « Des rabbins orthodoxes ont accepté les lois qui requièrent l’étourdissement dans des pays tels que la Norvège et la Suède », affirme-t-elle avant d’admettre que, « que les animaux soient assommés avant d’être tués ou non, les derniers instants de leur vie ne sont qu’une petite partie du long processus cruel qu’est la production de viande de nos jours. »