Oummi, « maman » en arabe, est aussi le nom donné à un nouveau restaurant du 11e arrondissement à Paris. Une « cantine » qui propose justement une cuisine « comme à la maison », faite avec de bons produits et « avec amour », comme l’assure Virginie.
Elle et Farid, son associé, ont ouvert la Cantine Oummi en mai dernier. Un projet 100% éthique, avec l’envie de sensibiliser à la cuisine saine.
« Quand on sortait, que ce soit moi ou Farid, on avait dû mal à trouver des restaurants de qualité, qui correspondaient à nos attentes. Parfois la viande était halal et bio, mais pas les légumes », explique la jeune femme de 36 ans.
Ici, la viande est halal et bio. Mais des plats végétariens sont majoritairement proposés, afin de lutter contre l’abattage à outrance.
Tous les produits sont sélectionnés avec soin par l’équipe, qui va directement les chercher dans les fermes ou passe par des coopératives bio de petits producteurs. Ainsi, les restaurateurs adaptent leurs recettes en fonction des fruits et légumes disponibles.
« C’est parfois compliqué d’avoir les produits que l’on veut. Nous n’avons eu des fraises qu’au mois de mai et juillet. Mais on cuisine local et de saison. Les légumes que j’ai, ont été cueillis hier ! », indique avec fierté, la chef-cuisinière.
« L’écologie passe encore au second plan. Peu d’imams en parlent »
« Tous les produits avec lesquels on travaille en cuisine, on les vend aussi en épicerie fine aux clients. On les a tous testés et on a vérifié leur éthique », souligne t-elle. En effet, que ce soit pour les miels, les confitures, les tisanes ou les soupes, Virginie peut en parler. Elle a rencontré chacun des producteurs dispersés un peu partout en France, et connaît leur façon de travailler.
Une passion pour les bons produits qu’elle et Farid souhaitent transmettre à leurs clients, notamment en leur faisant découvrir de nouvelles saveurs.
« Il y a des légumes que des musulmans d’origine maghrébine n’ont pas forcément l’habitude de manger. Moi je suis convertie, ma mère me cuisinait du potiron, du butternut. Pendant le Ramadan j’avais préparé une soupe de carottes au cumin. Une femme m’a demandé de la chorba. Finalement elle a beaucoup aimé ma soupe », raconte Virginie avec le sourire.
L’idée est aussi d’informer, de montrer qu’il est possible de manger moins mais mieux et sans se ruiner.
« Nous avons beaucoup de musulmans qui viennent chez nous avec l’envie de manger bio, sainement. Mais il y a encore beaucoup de retard dans la communauté. L’écologie passe au second plan, et peu d’imams en parlent », regrette la mère de famille, qui fabrique désormais elle-même ses produits d’entretien.
10 % des bénéfices des repas parfois reversés aux femmes en difficultés
Virginie, également présidente de l’association Baytouna, qui vient en aide aux femmes sans domicile, souhaitait aussi apporter une dimension sociale à Oummi. Ainsi, les clients peuvent offrir des cafés et repas « suspendus », les invendus sont redistribués aux plus démunis, et 10% des bénéfices des repas sont parfois reversés aux femmes de son association.
« Au départ on voulait embaucher des femmes en situation de précarité. Mais au 1er janvier, plusieurs contrats de ce type ont été supprimés. Nous travaillons donc avec des fermes de réinsertion qui sont bio. On vend leurs soupes, cela permet de créer des emplois », résume Virginie, heureuse d’avoir trouvé un job qui ait « du sens ».
Mais pour elle, ancienne responsable chez MacDonalds, symbole de la mal-bouffe et de la restauration rapide, Oummi est plus qu’un restaurant. C’est un lieu où les gens du quartier se retrouvent, ainsi que des personnes de toutes origines. Farid et elle souhaitent organiser des ateliers et proposent déjà un espace de co-working.
« Le mot « cantine » met à l’aise, c’est convivial. L’idée c’est que les gens se rencontrent, prennent le temps de discuter avec nous et entre eux. On veut apporter une valeur ajoutée, pas être un simple restaurant. On aimerait faire de cette cantine un lieu de partage, un lieu de vie », conclut Virginie.