Le CFCM lance un « conseil théologique » qui aura pour mission de diffuser des avis et de lutter contre la radicalisation.
C’est une expression qui n’a cessé d’être prononcée par les dirigeants politiques, particulièrement depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce dernier refusait un « Islam en France » et voulait plutôt un « Islam de France. » C’est pour cette raison que l’ancien président a créé, en 2002, le Conseil français du culte musulman (CFCM). Ce dimanche soir, le CFCM a annoncé la création d’un « conseil théologique », qui devrait permettre de théoriser cette notion d’Islam de France.
Plus concrètement, le CFCM veut, avec ce conseil théologique, « contextualiser » la pratique de l’Islam dans l’Hexagone. Celui-ci se réunira deux fois par an au minimum, il émettra des avis et luttera contre les discours extrémistes, selon ses membres. Il sera composé de vingt-deux membres, et c’est là que le conseil théologique coince déjà. Car ce corpus est très large, et surtout, il accueille des personnalités controversées, parmi lesquelles l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou. Le fait qu’aucun théologien indiscutable n’ait été enrôlé dérange. Quoi qu’il en soit, les première fatwas devraient rapidement tomber.
Lutter contre la radicalisation
Le président du CFCM, Anouar Kbibech, veut lui y croire. « Lors du débat sur le port du voile intégral, par exemple, le CFCM avait élaboré une position en se basant sur l’avis de ses différentes fédérations. Mais un conseil théologique aurait facilité la prise de position », estime-t-il, ajoutant que « la nécessité de créer un conseil théologique s’est imposée par l’actualité dramatique de ces derniers mois, mais aussi avec la multiplication des débats sur le voile ou sur les menus de substitution. » Outre la lutte contre la radicalisation, le conseil théologique voudra donc porter la voix de l’Islam en France.
« Jusqu’ici, chaque fédération ou grande mosquée avait son propre conseil théologique pour répondre à ces questions. Il fallait donc créer un organe collégial, qui regroupe l’ensemble des sensibilités de l’Islam de France », précise Anouar Kbibech, qui a réuni des membres représentant le maximum de tendances — hors salafisme —, des différentes mosquées et même du controversé UOIF (Union des organisations islamiques de France). Cette diversité devrait, pour une fois, permettre une adhésion de la majorité du musulman. Le CFCM veut « contribuer à l’effort de la Réforme qui a toujours été porté par les Savants musulmans. »