Que se passe-t-il réellement dans les « camps de rééducation » en Chine ? Le pays ne nie plus l’existence de ces camps et a tenté de justifier sa lutte contre les Ouïghours. Les autorités chinoises assurent même que les « stagiaires », dans ces camps, sont traités de façon « humaine. » Mais d’anciens détenus assurent que les condition de détention sont terribles. Des musulmans ouïghours affirment avoir été forcés à manger du porc et à boire de l’alcool.
Les témoignages sont édifiants. Comme celui d’Omir Bekali, ressortissant du Kazakhstan, qui assure avoir été arrêté sans procès ni accès à un avocat et contraint de renier ses croyances tout en faisant les louanges du Parti communiste. Il a passé sept mois dans un camp, parfois privé de nourriture pendant vingt-quatre heures. Omir Bekali a envisagé le suicide.
Des conditions de détention confirmées par les témoignages d’autres anciens détenus et même d’un ancien instructeur dans un centre de rééducation chinois compilés par The Independent. Cette « transformation par l’éducation » voulue par la Chine qui aurait également mis en place une surveillance à domicile : « Les familles musulmanes du Xinjiang mangent et dorment littéralement sous l’œil vigilant de l’Etat dans leur propre maison », indique Maya Wang, chercheuse à HRW.
Lever à l’aube et chant à la gloire du Parti communiste
Pour rappel, les règles sont strictes dans le Xinjiang : visionner un site web étranger, appeler ses parents à l’étranger, prier régulièrement ou se laisser pousser la barbe peut amener dans des camps. Omir Bekali, qui ne vivait plus en Chine, a dû revenir pour raisons professionnelles. C’est là qu’il a été détenu de façon secrète pendant une semaine, poignets et chevilles attachés. Il a été interrogé sur son travail et sur des activistes ouïghours. Puis il a été placé dans une cellule de 10 mètres carrés avec dix-sept autre détenus.
Et le programme de rééducation est strict : lever à l’aube, chant de l’hymne national chinois et salut devant le drapeau chinois, avant de devoir chanter des chansons à la gloire du Parti communiste chinois. Avec une obligation de réciter des phrases comme : « Nous nous opposerons à l’extrémisme, nous nous opposerons au séparatisme, nous nous opposerons au terrorisme. » Les détenus ont également le droit à des conférences prévenant des dangers de l’Islam et à des quiz.
Un autre détenu a raconté avoir dû s’excuser de porter des « vêtements musulmans », d’avoir prié et enseigné le Coran à ses enfants. Dans les camps, les détenus sont classés selon trois niveaux de sécurité, selon ce qu’on leur reproche. Les peines peuvent aller jusqu’à 15 ans d’enfermement.