Comme à chaque épisode polémique sur le voile, les premières concernées sont rares à être invitées à prendre la parole.
Mais des femmes musulmanes de l’Alliance citoyenne, un collectif présent à Grenoble et Aubervilliers, ont décidé de s’exprimer quelques jours après la décision de Décathlon, de renoncer à la commercialisation de son hijab running.
« Nous demandons à Décathlon de ne pas céder aux intimidations dont nous avons nous-mêmes l’expérience. Nous demandons à l’Etat français de faire valoir la tolérance et une laïcité qui protège la liberté de conscience. Nous exigeons que soit respectée en France notre liberté de femmes de nous habiller comme nous le souhaitons, de porter un voile ou de ne pas le faire », écrivent-elles dans une tribune sur Libération, publiée le 1er mars.
Pour elles, cette nouvelle polémique autour de Décathlon et surtout l’abandon du hijab running montre ainsi « une nouvelle défaite de la tolérance dans la société française ».
Dans leur tribune, elles témoignent également de leurs difficultés au quotidien pour se faire accepter avec leur voile et notamment pour pouvoir participer à des activités sportives.
Asma, étudiante en école d’ingénieurs, raconte qu’un prof de badminton l’a exclue du cours à cause de son voile. Pourtant, la pratique d’un sport était obligatoire pour valider son semestre. Malgré l’accord du directeur pour porter son voile, elle a dû se rabattre sur le tir à l’arc, où elle a pu être admise.
Une autre raconte s’être faite prescrire des séances de natation par son kiné, mais n’avoir pas pu trouver une piscine publique à Grenoble, acceptant un maillot de bain couvrant.
« Nous souhaitons défendre la liberté d’être une femme musulmane voilée en France, d’accéder à tous les équipements et services publics sans entrave, d’accompagner les sorties scolaires, de pratiquer les sports que l’on souhaite, d’accéder à tous les emplois, y compris ceux de la fonction publique », demandent t-elles.
Les femmes musulmanes de l’Alliance citoyenne se sont déjà engagées pour faire valoir leur droit au sport. Début 2018 à Grenoble, 400 femmes se sont mobilisées pour que la ville autorise l’accès des femmes musulmanes aux piscines.