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Colombes : les commerçants musulmans dénoncent les pressions de la maire Nicole Goueta

Début décembre, une décision de justice ordonne la fermeture de l’épicerie Good Price, à Colombes (92). L’Union nationale des locataires indépendants, présidée par la maire de la ville Nicole Goueta (LR), regrette que l’enseigne ne propose ni porc ni alcool. Elle se plaint donc auprès du bailleur, estimant que le gérant ne respecte pas le bail de commerce « d’alimentation générale. »

La mairie considère la supérette comme « une épicerie communautaire ». Une accusation que rejette son gérant, qui témoignait et s’expliquait à ce propos il y a quelques temps, pour LeMuslimPost.

Nicole Goueta, qui se défend de toute « stigmatisation d’une communauté », estime qu’il « n’est pas possible qu’on laisse se ‘communautariser’ tout le quartier. »

La maire fait référence aux différentes enseignes halal qui ont vu le jour ces dernières années dans la ville. Dans le centre, le long du boulevard Charles-de-Gaulle, restaurants et supérettes sont en effet plusieurs à porter un logo « halal » sur leur vitrine, parfois bien discrèrement pour éviter les problèmes.

Une insistance de la mairie pour des enseignes avec licence 4

Car pour plusieurs commerçants, le cas de l’épicerie Good Price est révélateur de l’animosité de la mairie envers les musulmans. Ils estiment que la maire de Colombes leur met régulièrement des bâtons dans les roues, pour freiner le développement de leur activité. 

« La mairie, ce que je peux comprendre, veut moins de sandwicheries et kebab. Mais même quand nous ouvrons un vrai restaurant et que nous faisons les choses dans les règles, on nous accuse de communautarisme. Tout ça parce que la viande est halal », regrette un restaurateur de la ville. 

Comme d’autres, il ne propose ni alcool, ni porc, ce qui contrarierait beaucoup la mairie. Selon les différents témoignages recueillis sur place, tous rapportent que les agents de la ville insistent sur la demande d’une licence 4 (licence qui donne le droit de vendre de l’alcool) afin de pouvoir ouvrir un local dans la ville. 

« Quand j’ai démarré en 2015, j’ai voulu faire des travaux. J’ai donc fait les démarches pour obtenir les autorisations à la mairie. On m’a demandé quel type d’activité j’allais ouvrir et si je vendrais de l’alcool et du porc. Quand j’ai répondu que non, la mairie m’a fait comprendre qu’elle m’empêcherait d’ouvrir mon commerce », assure la gérante d’une enseigne halal. 

En effet, quelques temps après, elle essuie deux refus pour ses demandes de travaux, pour « non mixité sociale. » Ce n’est qu’à la troisième tentative, suite à une décision de justice, que la jeune femme obtient gain de cause. Les premiers mois suivant l’ouverture de son magasin, les services de contrôle d’hygiène de la mairie seraient venus cinq fois. 

Des refus de terrasse pour « motif d’intérêt général »

D’autres déplorent également le fait de ne pas pouvoir ouvrir de terrasse, alors même qu’ils ont la place nécessaire sur leur trottoir. Plusieurs commerces n’ont pas reçu l’accord de la mairie. L’interdiction comportait « un motif d’intérêt général. » Une formulation un peu vague pour eux, et surtout pénalisante. 

« La terrasse, ça attire des gens. J’ai fait le calcul. Son absence c’est un manque à gagner de 10% », regrette le patron d’une sandwicherie.

Il se plaint également de ne pas avoir obtenu de place de livraison. « Toutes les semaines j’ai une amende. Une fois, on m’a notifié un stationnement à 7h du matin, alors que je n’y étais même pas », raconte le gérant, exaspéré. 

On lui a récemment imposé aussi de fermer son échoppe à 2 heures du matin au lieu de 3 heurs et on lui a demandé de constituer un dossier conséquent pour l’ajout d’une simple véranda. Des petits détails, mais qui sont contraignants. Pour lui, on veut clairement le décourager à coup de procédures et de multiples normes à respecter. Il pense d’ailleurs parfois à vendre son commerce. 

« On veut juste être logé à la même enseigne, il y a trop d’inégalités vis à vis des commerçants dans cette ville », juge t-il. 

Une « mixité » que veut imposer Nicole Goueta

La gérante du magasin halal a d’ailleurs voulu vendre l’été dernier. La mairie lui aurait fait à nouveau comprendre qu’elle voulait de la mixité. Mais la jeune femme assure qu’elle n’a reçu que des offres d’achat pour de la vente de produits halal : « C’est une logique économique. Les commerces, ici, sont à l’image des habitants, c’est à dire, pour beaucoup, de confession musulmane. La mairie veut peut être changer les commerces, mais elle ne peut pas changer la population. » 

Pour le gérant de Good Price, le principe de « mixité » que veut imposer la maire Nicole Goueta n’est pas non plus cohérent. « C’est elle qui attribue les logements et qui nous a parqué dans ces immeubles. Alors que c’est là où devrait commencer la mixité », estime t-il. 

En matière de racisme et de discriminations, quelques casseroles ont déjà entaché la réputation de la mairie. En 2004, la maire avait refusé de marier un Français avec une Algérienne, suspectant un mariage blanc. Elle avait dû payer des dommages et intérêts dans cette affaire. 

En 2016, deux animateurs de la ville ont également dénoncé du racisme de la part de l’opposition, après qu’ils aient été renvoyés des structures de la ville sans explication. « Pourquoi ces deux-là ? Leurs seuls points communs, c’est qu’ils sont jeunes, originaires du Petit-Colombes, noirs et proches du Parti socialiste », déclarait Fatoumata Sow au conseil municipal.  

« On n’est pas au bled ici ! » lâche un élu LR

En mars 2017, comme le rapporte le Parisien, des élus d’opposition de la mairie de Colombes ont également quitté la salle du conseil en colère. Jean Lorrain conseiller municipal LR se disputait avec Aïssa Ben Braham (PCF). Alors qu’il se plaignait du bruit, l’élu LR avait lâché : « On n’est pas au bled ici ! » L’ancien maire PS a demandé des excuses pour ces propos racistes, que Nicole Goueta a refusé d’imposer à l’élu concerné. Un de ses opposants politiques rapporte également des « retards inexpliqués » pour les inscriptions à l’école d’enfants d’origine maghrébine, alors même que les parents ont fait les démarches. 

Plusieurs affaires qui pourraient donc confirmer les accusations de racisme et de pratiques discriminatoires portées par les commerçants halal. Eux qui se sentent lésés à cause de leur appartenance religieuse ne veulent donc pas en rester là. Ils réfléchissent désormais à créer une association, pour faire front commun.

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