En définissant la colonisation française en Algérie de « crime contre l’Humanité » et de « vraie barbarie », Emmanuel Macron s’est attiré les foudres d’une partie de la population, agacée qu’on ait pu remettre en cause cette partie de l’Histoire de la France et de l’Algérie. Samedi à Toulon, alors que des manifestants du Front National tentaient de perturber son meeting, le leader du mouvement En marche! a décidé de revenir sur ses propos. « Je le dis aujourd’hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime. » Comme le général de Gaulle à l’époque, Emmanuel Macron lance donc une phrase destinée à faire l’unanimité. Mais Macron a surtout demandé « pardon » à ses électeurs. Son objectif, dit-il, était de « réconcilier le pays avec son passé, avec son histoire. »
L’ancien ministre de l’Economie sait qu’il a allumé une mèche difficile à éteindre avec ses propos. « Je sais, vous allez me dire, pour cette semaine, c’est raté. Vous allez dire ‘il n’a pas arrêté de nous diviser, d’allumer des mèches partout, d’allumer le feu, il est quand même spécial !’ Je comprends que vous puissiez vous poser la question. Je vais vous dire, je vais continuer. Parce que ce qui m’intéresse, c’est construire l’avenir dans notre pays. » Avant de demander une nouvelle fois « pardon pour les passionnés, pardon de vous avoir fait mal, ce n’est pas ce que je voulais… » Malgré ces excuses, cette phrase d’Emmanuel Macron a permis d’obliger la plupart des candidats à se prononcer sur cette question de la colonisation. Si François Fillon s’est bien entendu vivement opposé à cette repentance, Benoît Hamon a étonnamment expliqué qu’il n’était « pas pour caractériser cela comme un crime contre l’Humanité. » Ce matin, Olivier Besancenot, le fondateur du NPA, a déclaré : « Oui, la colonisation est un crime contre l’Humanité. » Les candidats à la présidentielle devraient tous, à un moment ou à un autre, se prononcer sur la qualification de la colonisation française. Et c’est tant mieux.
