La Quinzaine du commerce équitable a débuté. Deux semaines pendant lesquelles le commerce équitable va être promu… Mais il est utile de se demander si ces échanges sont vraiment aussi équitables qu’on le dit.
De la banane aux vêtements, en passant par la décoration, les cosmétiques, le café ou encore les boissons, le commerce équitable est un label — privé et donc non reconnu par l’Etat — qui s’affiche sur près de 7 000 produits en France. Ce week-end a débuté la Quinzaine consacrée à ces échanges qui ont pour objectif « d’aider à la contribution du développement durable. » Un label qui veut aider les petits producteurs. Avec trois volets : économique, social et environnemental. Mais est-ce que le commerce équitable respecte ses engagements ? Est-ce que les prix élevés de ces produits aident réellement au développement ?
Des obstacles économiques
Le commerce équitable, c’est l’assurance, dit-on, qu’une juste rémunération soit versée aux petits producteurs et paysans. Les producteurs quant à eux peuvent avoir des rémunérations correctes qui leur permettraient de vivre avec un toi, de la nourriture : de répondre à leurs besoins primaires. Mais qu’advient-il des travailleurs ? Il s’agit le plupart du temps de migrants qui n’ont aucun papier. Ils obtiennent au maximum 4€ par jour pour un travail laborieux. Ceux-ci ignorent d’ailleurs, pour la plupart, qu’il font partie d’un circuit particulier, celui du commerce équitable.
Et puis, que dire de la façon dont Max Havelaar délivre son label ? Des géants de l’agroalimentaire comme Starbucks, Nestlé ou encore Ben Jerry ont tous profité de l’appellation du commerce équitable pour optimiser leur profits, en faisant payer le client plus cher et en faisant un coup de marketing énorme. Pour ces grandes entreprises, il s’agit avant tout de redorer leur blason. Ces entreprises présentent de manière tellement ostentatoire leur label équitable, que le client pense faire une bonne action en achetant ces produits. Il s’agit avant tout pour l’entreprise d’une occasion pour augmenter ses prix et gagner des clients.
Stakhanovisme équitable
Le commerce équitable a pour but de répondre aux besoins primaires des petits producteurs et donc de leur permettre de vivre dignement,une égalité entre hommes et femmes, un soutien aux handicapés… Cependant ces valeurs ne sont là que pour alimenter le marketing. Les responsables du commerce équitable tels que le label Max Havelaar ou encore les marques équitables vous diront que tout est garanti par Flo-Cert, qui a pour mission de veiller aux conditions des travailleurs. Mais l’entreprise Flo-Cert, avec ses 100 employés, ne peut en aucun cas garantir à elle seule 990 entreprises et près d’un million de travailleurs. Surtout avec des coopératives éloignées les unes des autres et souvent situées sur des îles.
Il existe donc des failles majeures dans la vérification du label, comme dans toute certification. De plus, et contrairement aux idées reçues, les employés ne sont pas toujours rémunérés équitablement. En effet, les travailleurs sont payés selon le poids de leurs récoltes, et non selon leur temps de travail : nous pourrions rapprocher cette méthode du stakhanovisme exercé en régime socialiste qui prônait » l’amour et l’émulation de l’ouvrier pour son travail », alors que le seul objectif était d’avoir de meilleurs rendements. Cette méthode pourrait donc être comparée à une sorte de « stakhanovisme équitable » : pour les paysans, il faut produire plus pour gagner plus et donc pouvoir vivre correctement. Le commerce équitable est une industrie : il faut réaliser des profits. Le reste n’est que littérature.
L’environnement malmené
Enfin, s’il peut dans certains cas être équitable, ce type de commerce qui favorise les échanges Nord-Sud implique de longs trajets avec de nombreuses plateformes multimodales. Cela accroit alors les rejets de CO2 et augmente la consommation d’énergies fossiles, et donc de polluants. S’il était réellement équitable pour les producteurs, le commerce équitable ne le serait pas pour la planète. Le commerce équitable nous éloigne de l’essentiel : relocaliser l’économie et avoir recours à des petits producteurs locaux tels que les AMAP pourrait être une alternative intéressante et éco-friendly.
Dénaturé par de nombreux acteurs animés essentiellement par l’appât du gain, le commerce équitable peine à décoller. En France, un habitant dépense en moyenne 10 euros par an pour acheter un produit issu de ce secteur. Le manque de transparence empêche d’y voir clair.
Jenna Belhadj est en prépa hypokhâgne à Sainte-Marie de Neuilly.