Ce lundi, ils était des milliers à lui rendre hommage. Dimanche, Ko Ni, avocat musulman birman et conseiller juridique du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, a été abattu aux abords de l’aéroport de Rangoun. Connu pour ses discours sur la tolérance religieuse, l’homme a été tué sous les yeux de sa fille, alors qu’un chauffeur de taxi a également succombé à ses blessures. Ce meurtre a bouleversé une partie d’un pays dans lequel les Rohingya sont régulièrement les cibles de violences — que ce soit de la part d’intégristes bouddhistes regroupés sous le nom de Ma Ba Tha ou de l’armée — parce que musulmans. « Beaucoup de gens nous détestent parce que nous avons une religion différente », a résumé la fille de Ko Ni après l’assassinat de ce dernier. Le parti au pouvoir s’est désolé de la nouvelle, parlant de « perte immense pour Aung San Suu Kyi. »
Aung San Suu Kyi doit se réveiller
Cet assassinat est l’occasion de rappeler une nouvelle fois à une communauté internationale trop silencieuse la façon dont sont traités les musulmans de Birmanie. Ainsi, l’ONG International Crisis Group estime que ce meurtre « souligne l’urgence pour le gouvernement birman et la société birmane de s’unir pour condamner toutes les formes de discours haineux. » Sauf que les organisations ne cessent d’appeler à un retour au calme, alors que les Rohingya sont la minorité la plus persécutée au monde et que se déroule, sur le sol birman, un véritable génocide. Des viols collectifs, de la torture ou des déplacements forcés sont également légion. Si Yanghee Lee, l’envoyée spéciale pour les Nations unies en Birmanie, a demandé à Aung San Suu Kyi de « faire la lumière sur cette mort », on ne voit pas comment ce meurtre pourrait éveiller les consciences là où les persécutions contre les musulmans sont faites au vu et au su de tous.