Le week-end dernier, le New York Times révèle comment le Premier ministre libanais a donné, d’Arabie Saoudite, sa démission en novembre dernier — avant de revenir sur sa décision une fois de retour dans son pays. Saad Hariri avait, à l’époque, lu un texte à la télévision saoudienne.
Selon le journal américain, le Premier ministre libanais a ensuite « continué à subir une longue suite de petites et grandes humiliations » de la part du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman.
Tout a débuté le matin du 4 novembre. Saad Hariri est alors « invité » à se présenter de bon matin dans les bureaux du prince héritier. Pensant partir faire un trip dans le désert, Hariri s’habille en jeans et en t-shirt. Mais dès son arrivée, on lui arrache ses téléphones portables et on le met à l’écart. Hariri est ensuite poussé et insulté par des officiers de la sécurité qui lui intiment l’ordre de lire « sa » lettre de démission au peuple libanais via la télévision saoudienne.
Selon le New York Times, les Saoudiens, qui avaient d’ailleurs appelé leurs citoyens à quitter le Liban quelques jours après avoir mis Saad Hariri en résidence surveillée, voulaient que Hariri les aide à mettre le Hezbollah à l’index, notamment au Yémen. Pour cela, le royaume a des moyens de pression sur Hariri, dont le père Rafik a fait fortune soutenu par l’Arabie Saoudite.
Mais pourquoi Saad Hariri s’est-il rendu en Arabie Saoudite de son plein gré ? Selon le New York Times, le 3 novembre, Hariri avait rencontré un haut responsable iranien, Ali Akbar Velayati. Ce dernier avait loué les bonnes relations entre l’Iran et le Liban. Hariri avait alors reçu un message du roi saoudien lui intimant l’ordre de venir « maintenant. »
A son arrivée à Riyad, Saad Hariri attend le roi d’Arabie Saoudite de 18 heures à 1 heure du matin. En vain. Il est alors invité le lendemain pour ce qu’il croit être une sortie dans le désert. Tout s’enchaîne alors.
Que s’est-il passé entre ce moment-là et la démission en direct du Premier ministre libanais ? Un proche de Saad Hariri lui aurait demandé des détails. Le Premier ministre aurait refusé de les donner, décrivant simplement : « C’était pire que ce que vous pouvez imaginer. »