Vingt-deux élèves voilées de l’Institution Sainte-Jeanne-d’Arc (ISJA) s’étaient vues refuser l’accès à cette école réputée de Dakar depuis le 3 septembre en vertu d’un nouveau règlement selon lequel la seule tenue autorisée serait l’uniforme habituel « avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que les garçons ».
La mesure avait suscité une vive polémique dans ce pays très majoritairement musulman réputé pour sa tolérance religieuse. La police avait procédé à l’interpellation d’au moins quatre personnes qui manifestaient devant l’école pour protester contre l’interdiction du voile.
Un accord avait finalement été trouvé le 12 septembre entre le ministère de l’Education nationale et la direction de l’école, fondée en 1939 par la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, basée en France.
Selon ce compromis, uniquement valable pour l’année scolaire en cours, les 22 élèves concernées peuvent réintégrer l’école en portant l’uniforme, « assorti d’un foulard de dimensions convenables, fourni par l’établissement et qui n’obstrue pas la tenue ».
« Toutes les 22 élèves ont été réadmises. On a respecté l’accord », a déclaré jeudi à l’AFP la proviseure de l’ISJA, Ryanna Tall.
« Les élèves ont été réadmises sans problème. Elles portent un foulard qui couvre la tête, les oreilles, la nuque et le cou. Ca couvre ce que ça doit (couvrir), ça montre le visage tout simplement, comme le demande la religion musulmane », a déclaré à la presse le père d’une élève, Abou Daoud. « Mes deux filles ont repris les cours sans problème. Le foulard couvre bien la tête », a confirmé à l’AFP une mère de famille.
Sainte-Jeanne-d’Arc compte quelque 1.700 élèves, pour une bonne part enfants de familles aisées ou d’origine étrangère, notamment libanaise.
Ancienne colonie française, le Sénégal, « République laïque, démocratique et sociale » selon la Constitution, compte plus de 90% de musulmans, qui vivent dans une grande concorde avec le reste de la population, principalement catholique.
Les Sénégalaises sortent généralement tête nue, coiffées d’une perruque à la mode ou d’un foulard aux couleurs éclatantes. Le hijab, qui ne laisse voir que l’ovale du visage et dont l’usage est courant ailleurs dans le monde musulman, reste marginal au Sénégal, où il est porté par des Sénégalaises aux pratiques rigoristes et par des étrangères.