En décembre 2015, à Zaria, au Nigeria, 350 musulmans chiites étaient massacrés par des militaires. Deux ans plus tard, les responsabilités de ces meurtres n’ont toujours pas été établies. « Personne n’a eu à rendre des comptes pour ces homicides, tandis que les familles des disparus attendent toujours de savoir ce que sont devenus leurs proches », indique Amnesty International Nigeria, qui affirme avoir « identifié le lieu d’un possible charnier près de Mando. »
L’ONG dénonce le silence des autorités locales. « L’incapacité des autorités nigérianes à amener les responsables présumés à rendre des comptes pour l’homicide de centaines de femmes, d’hommes et d’enfants commis par des militaires à Zaria, témoigne de l’acceptation d’une culture de l’impunité pour les violations des droits humains dans le pays », affirme Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.
Selon les recherches d’Amnesty, le massacre serait survenu alors que débutaient des affrontements entre membres du Mouvement islamique du Nigeria (MIN) et l’armée. L’organisation internationale dénonce « un recours excessif à la force qui doit faire l’objet d’une enquête. » Des centaines de civils avaient également été arrêtés, des mosquées et des bâtiments détruits. De nombreuses familles ignorent enfin le sort qui a été réservé à leurs proches, faisant craindre à un bilan plus élevé que le bilan officiel qui fait état de 347 victimes.
Fin 2016, le MIN a été déclaré organisation illégale au Nigeria. Son leader, le cheikh Ibraheem El-Zakzaky, ainsi que son épouse sont en détention depuis les massacres. Et ce, malgré une décision de justice ordonnant leur libération il y a un an. Il y a un an et demi, une commission a été chargée d’enquêter sur les homicides. Un rapport a été remis au gouvernement. Celui-ci accusait l’armée nigériane d’homicides illégaux. Mais les autorités ont, indique Amnesty International, « rejeté la plupart des recommandations de la commission. »