En 2011, Didier Deschamps, alors entraîneur de l’Olympique de Marseille, parle du cas d’un de ses joueurs avec son président… sans savoir qu’il est enregistré.
Suite aux révélations du Canard Enchaîné, qui a publié le contenu de plusieurs écoutes téléphoniques menées par l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) dans le cadre d’une enquête sur l’Olympique de Marseille, nous avons réussi à nous procurer un rapport d’enquête préliminaire diligentée par l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLO). Une enquête menée entre le 6 mai et le 19 juillet 2011. Dans son rapport de synthèse, l’OCLO indique que les téléphones de Didier Deschamps, de Christophe D’Amico — un ami d’André-Pierre Gignac et proche de plusieurs agents de joueurs de l’OM — et de Jean-Christophe Cano — ancien footballeur devenu agent — « faisaient l’objet d’ordonnances aux fins d’interceptions des correspondances téléphoniques. » Autrement dit, l’actuel sélectionneur des Bleus était sur écoute.
Des agressions à la chaîne à l’OM
A l’époque, plusieurs « agressions perpétrées contre différents joueurs de l’Olympique de Marseille » polluent l’ambiance dans la cité phocéenne, indique le rapport, qui cite les cas de Lucho Gonzales, des frères Ayew ou encore de Vitorino Hilton. L’OCLO précise que Deschamps et Vincent Labrune, le président de l’OM, « cherchaient à se débarrasser » de plusieurs joueurs, parmi lesquels Fabrice Abriel, ou encore Hilton et Gonzales, « dans les meilleures conditions financières possibles. » Dès lors, les suspicions à l’égard de Didier Deschamps et de Vincent Labrune sont écrites noir sur blanc. « L’agression d’Hilton survenait le lendemain d’une conversation entre Labrune et Deschamps à son sujet », peut-on lire dans le rapport. « La place de Vitorino Hilton au sein du club était fortement remise en question. »
« Il peut changer d’avis s’il a de la visite »
Si aucun lien de cause à effet n’est clairement établi, l’OCLO fait ensuite part d’une conversation qui a « attiré plus particulièrement » l’attention des agents de l’Office central de lutte contre le crime organisé. « Elle pouvait s’inscrire dans le cadre de la situation ambiante régnant à Marseille autour de ces attaques », résume le rapport d’enquête qui revient sur cette conversation étonnante entre Didier Deschamps et Vincent Labrune. Les deux hommes parlent du cas de Julien Rodriguez, un joueur olympien « dont ils souhaitent le départ », selon l’OCLO. Labrune fait part à Deschamps du risque d’être attaqué « au civil » par le joueur s’il le licencie. Didier Deschamps répond alors au président : « Oh, il peut changer d’avis entre temps, on ne sait jamais s’il a de la visite ! »