Strasbourg, Dunkerque, Nanterre… Les écoles musulmanes ont fleuri lors de cette rentrée scolaire. Un changement radical dans le paysage de l’éducation privée.
En France, précisait Nord Littoral en août dernier, « 9 000 écoles catholiques sont sous contrat avec l’Etat. Il y a 130 écoles juives et 4 écoles dites musulmanes. » Avec entre 7,5 et 8 % de musulmans sur son territoire, le moins que l’on puisse dire est que l’enseignement privé n’est pas représentatif de la population hexagonale. Et pourtant, le constat est clair, notamment dans le Nord : « Beaucoup de Dunkerquois de confession musulmane ne se reconnaissent plus dans l’école publique d’aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui inscrivent alors leurs enfants dans les établissements privés », indique la présidente de la nouvelle association Le Calame.
Une demande forte
Or, la démarche d’inscrire des enfants musulmans dans une école catholique pouvait sembler étonnant. Mais face à la pénurie d’écoles musulmanes en France, de nombreux parents n’avaient pas d’autre choix. Le demande était donc forte et la rentrée – qui vient de se dérouler dans tous les établissements – a donc été l’occasion de voir naître de nouvelles écoles, musulmanes celles-là. Une quarantaine en tout, selon BFM TV, qui prend l’exemple de deux nouveaux établissements musulmans à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. L’un d’entre eux, l’institut Ibn Badis, prouve à lui seul que tout peut d’ailleurs se passer sans heurts.
Car, assure la direction de l’institut, il n’y a eu « aucun problème » avec la mairie de Nanterre concernant cette ouverture. Et au-delà de la religion, c’est avant tout l’enseignement qui doit être révolutionné dans ces établissements d’un nouveau genre. Car, « l’éducation est le défi numéro un des musulmans », rappelait l’an dernier l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture. C’est donc là-dessus qu’est mis l’accent : pas plus de 22 élèves par classe, à l’institut Ibn Badis, et des valeurs républicaines qui seront enseignées : « Chaque élève fait partie d’un tout. Donc il apportera sa contribution à la société », assure le directeur, Sabar Kabbouchi.
L’école publique n’attire plus
Et les demandes affluent. Car les parents pensent trouver dans ces nouveaux établissement ce qu’il manque dans les écoles publiques : une égalité des chances et une éducation sans failles. « L’école publique malheureusement ne correspond plus à l’attente des familles pour beaucoup de choses. On a vu la polémique par rapport au repas sans viande dans les établissements scolaires alors qu’on ne demande pas de viande halal. On demande juste à ce que les enfants puissent choisir. Même chose pour la discrimination de l’entrée dans l’établissement des jeunes filles collégiennes qui portent leur voile. Ça a provoqué une prise de conscience collective dans la communauté », ajoute Sabar Kabbouchi, qui veut faire sortir de ses classes des élèves « fiers d’être musulmans et français. »
Première rentrée pour deux écoles musulmanes à Nanterre (ici)