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Emprisonné en Chine, l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti couronné par le prix Sakharov

Un an après avoir choisi, au grand dam de Moscou, le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, alors détenu en Russie, le Parlement européen a distingué une autre personnalité emprisonnée, en Chine cette fois.

Ancien professeur d’économie à Pékin, Ilham Tohti avait été condamné en 2014 à la prison à vie pour « séparatisme », lors d’un procès qui avait suscité l’indignation de gouvernements étrangers et d’organisations de défense des droits humains.

« Le Parlement européen lui exprime tout son soutien pour son travail et demande à ce qu’il soit immédiatement libéré par les autorité chinoises », a déclaré dans l’hémicycle strasbourgeois le président du Parlement européen David Sassoli.

Cet universitaire et défenseur des droits de la minorité ouïghoure « s’est beaucoup engagé pour améliorer la compréhension entre les Ouïghours et les Hans en Chine », a souligné M. Sassoli.

« Bien qu’il soit une voix modérée et de réconciliation, il a été condamné à la prison à vie à la suite d’un procès-spectacle », a dénoncé le président du Parlement, appelant au « respect des droits des minorités en Chine », selon un communiqué diffusé par le Parlement.

La candidature d’Ilham Tohti, présentée par le groupe Renew Europe (Libéral), a été préférée à celle de jeunes filles kényanes qui ont créé une application pour combattre l’excision et de trois personnalités brésiliennes engagées pour la défense des minorités et de l’environnement, dont le chef indien Raoni, médiatique défenseur des peuples indigènes.

– Isolement –

« Nous ne pouvons même pas être certains qu’Ilham Tohti recevra la nouvelle » de l’attribution du prix, a déploré l’eurodéputé britannique Phil Bennion.

« Il a été placé à l’isolement depuis son incarcération en 2014 et depuis deux ans, les autorités chinoises lui refusent le droit de recevoir des visites, même sa famille ne l’a pas vu depuis 2017 », a poursuivi M. Bennion, estimant que cette récompense « reflétait le courage de M. Tohti mais aussi le traitement effroyable réservé aux Ouïghours internés dans les +camps de rééducation+ ».

Ilham Tohti appartient à l’ethnie ouïghoure, majoritairement musulmane et qui constitue la principale population du Xinjiang, une vaste région du nord-ouest de la Chine soumise à un contrôle policier drastique.

Selon des organisations de défense des droits humains, plus d’un million de musulmans sont ou ont été détenus dans des camps de rééducation politique au Xinjiang.

Au milieu des années 2000, Ilham Tohti avait créé un site internet qui publiait des articles en chinois et en ouïghour sur des questions de société sensibles.

Ses prises de position sur le bilinguisme et la politique économique au Xinjiang et ses critiques de dirigeants politiques ou des difficultés des Ouïghours pour trouver du travail lui avaient valu une étroite surveillance policière.

La justice lui a reproché d’avoir, durant ses cours, fait l’apologie des militants ayant commis des attentats et d’avoir encouragé ses étudiants à participer aux activités du Mouvement islamique du Turkestan oriental (Etim), une organisation islamiste radicale qui milite pour l’indépendance du Xinjiang.

Début octobre, la Chine avait fermement dénoncé sa nomination pour le prix Sakharov.

« Nous exigeons que (le Parlement européen) établisse une distinction claire entre le bien et le mal, retire sa nomination et cesse de soutenir le séparatisme et le terrorisme », avait fustigé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.

Fin septembre, Ilham Tohti avait déjà obtenu le prix Václav-Havel décerné par le Conseil de l’Europe, une institution distincte de l’Union européenne, chargée de promouvoir la démocratie et les droits humains.

Ilham Tohti avait également été recommandé par des élus américains pour recevoir le prix Nobel de la Paix, dans un contexte d’intérêt croissant pour le sort des Ouïghours.

Doté de 50.000 euros, le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit doit son nom au physicien nucléaire Andreï Sakharov, grande figure de la dissidence à l’époque de l’URSS.

La cérémonie de remise du prix doit se tenir le 18 décembre.

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