Un journaliste indonésien spécialiste de la vérification pour « Mafindo » décrypte cette campagne de haine en ligne.
Le 27 décembre 2023, des centaines de manifestants habillés en uniformes d’étudiants ont contraint des réfugiés rohingyas à quitter un refuge temporaire dans un parking de la ville de Banda Aceh, capitale de la province indonésienne d’Aceh. Des vidéos montrant ces événements ont circulé largement sur les réseaux sociaux, illustrant des manifestants scandant des slogans hostiles et menaçant des réfugiés, dont des femmes et des enfants.
Ces images ont provoqué l’indignation de la communauté rohingya et de ses partisans, car traditionnellement, les Rohingyas arrivant sur les plages d’Aceh étaient bien accueillis par la population locale. Originaires de Birmanie, les Rohingyas sont une ethnie musulmane persécutée dans leur pays, avec plus de 700 000 d’entre eux ayant fui la répression militaire en 2017, se réfugiant principalement au Bangladesh dans des conditions précaires.
Certains Rohingyas tentent également de rejoindre l’Indonésie, et en particulier la région d’Aceh, où plus de 1 600 d’entre eux ont débarqué en 2023 selon le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR). Cependant, cette réception initialement bienveillante semble avoir été altérée par une campagne de désinformation en ligne visant à diaboliser les réfugiés Rohingyas, soulignant un problème croissant de xénophobie et de racisme dans la société indonésienne.