Ces déclarations interviennent peu après les propos du président américain Donald Trump qui a appelé quatre élues démocrates américaines issues de minorités à « retourner » dans leurs pays d’origine, provoquant une vague de réactions scandalisées.
La Première ministre britannique Theresa May avait jugé lundi « totalement inacceptables » les commentaires du président américain.
Dans une intervention sur la lutte contre l’extrémisme prononcée dans la matinée, Sajid Javid a estimé que « le discours public se durcit et devient moins constructif ».
« Tout le monde a un rôle à jouer: les médias qui ne doivent pas donner une tribune aux extrémistes, la police qui doit s’attaquer aux pires contrevenants, les personnalités publiques qui doivent modérer leur langage ».
« Dans le monde entier, le populisme et même le racisme décomplexé ont catapulté des extrémistes au pouvoir », a aussi déclaré M. Javid. « Je viens d’une famille d’immigrés. Je sais ce que c’est que de se voir dire de retourner de là où on vient », a-t-il témoigné.
Les parents de Sajid Javid ont immigré du Pakistan au Royaume-Uni avant sa naissance. Le ministre âgé de 49 ans, candidat malheureux à la succession de Theresa May, a grandi à Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre.
« Nous devons démonter les mythes sur l’immigration que les extrémistes utilisent pour nourrir les divisions », a-t-il encore déclaré, estimant que l’ampleur de l’immigration était « exagérée pour attiser la peur ». Le sujet de l’immigration était omniprésent pendant la campagne du référendum sur le Brexit en juin 2016, qui a vu la victoire du « Leave » à 52%.
Selon des chiffres officiels de l’Office pour les statistiques nationales, en 2018, 602.000 personnes se sont installées au Royaume-Uni et 343.000 personnes ont quitté le pays, soit un solde migratoire de 259.000 personnes. Le pays compte au total plus de 66 millions d’habitants.
Dans une tribune publiée vendredi par le Telegraph, M. Javid se dit « très préoccupé » par les « divisions qui commencent à se répandre » dans la société britannique, citant un couple de femmes récemment agressées dans un bus londonien, des « réfugiés qui se font malmener » et des « voyous d’extrême droite qui dissimulent leur racisme derrière un prétendu nationalisme ».
Il explique qu’il « faut faire tout ce que nous pouvons pour arrêter » ces extrémistes et ajoute qu’en tant que ministre de l’Intérieur, il a expulsé huit extrémistes, « allant d’un suprémaciste blanc d’extrême droite à un nationaliste noir américain », ainsi que des « prêcheurs de haine de différentes confessions ».
Ce discours intervient le jour de la publication par la Commission de lutte contre l’extrémisme des résultats d’une enquête menée auprès d’environ 3.000 personnes qui indique que plus de la moitié d’entre elles (52%) ont été témoins d’une forme d’extrémisme, 45% expliquant l’avoir observé en ligne et 39% dans leur quartier.