« Le droit de manifester menacé. » Dès les premières lignes de son rapport publié ce matin, Amnesty International livre un constat sans appel : l’état d’urgence, explique l’organisation, a été « détourné pour restreindre le droit de manifester » alors que ce dernier, rappelle-t-elle, est « un droit fondamental, indispensable à la liberté d’expression, et à la possibilité de revendiquer ses opinions et ses droits. » Pour rappel l’état d’urgence est en vigueur dans le pays depuis le 13 novembre 2015, après les attentats de Paris. Et Emmanuel Macron a affirmé qu’il serait prolongé au moins « jusqu’au 1er novembre » prochain. Cette décision fait fi des remarques d’Amnesty, qui dénonce les « restrictions disproportionnées aux manifestations sous couvert d’état d’urgence. » L’organisation recense notamment les 155 arrêtés interdisant des manifestations qui ont été signés par des préfets en l’espace de 18 mois, mais également les 639 mesures restreignant le droit de circuler prises, selon Amnesty, « explicitement » pour « empêcher des personnes de participer à des manifestations. » Un état d’urgence qui a donc permis d’affaiblir, par exemple, la contestation contre la Loi travail.
Amnesty International dénonce également dans son rapport « des pratiques policières contestables. » Des forces de l’ordre qui ont régulièrement violé les « droits humains » pendant les manifestations et qui sont même, ajoute l’ONG, à l’origine de nombreuses violences « excessives, disproportionnées et arbitraires. » Des violences couplées à des intimidations manifestes de la part des forces de l’ordre. Dans son rapport, Amnesty cite une secouriste qui affirme : « A chaque fois on leur expliquait qu’on avait besoin de (…) prodiguer les premiers secours aux manifestants qui, par exemple, se sentaient mal à cause des lacrymogènes. Ils nous répondaient qu’on ne devait pas venir en manifestation si on avait peur que les lacrymogènes puissent être utilisés. » La police a attisé les divisions alors que, selon Amnesty, « il existe des stratégies de maintien de l’ordre qui visent à diminuer les tensions plutôt qu’à les attiser. » Sans oublier les « journalistes intimidés et violentés. » Manifester doit être « un droit, pas une menace », conclut Amnesty International.