Lors d’une manifestation contre l’état d’urgence permanent qui se déroulait à Paris il y a deux semaines, Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, a répondu à nos questions. Elle dénonce notamment les risques d’islamophobie liés à l’état d’urgence, qui devrait être prolongé dès novembre prochain. « On est déjà, malheureusement, dans une société qui voit dans le musulman un danger, un terroriste. Ce que fait ce texte-là, c’est appuyer encore cette suspicion permanente. » Pour la secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, « nos libertés sont en train d’être bafouées. Elles sont en train d’être bafouées parce que, dans l’espace public, à proximité des frontières ou dans la rue en bas de chez vous, la police pourra aujourd’hui réclamer de faire ouvrir son sac, d’ouvrir son coffre de voiture alors même qu’elle ne dispose d’aucun élément faisant penser par exemple qu’on a commis une infraction pénale ou tenté d’en commettre une. » Dans cette interview, Laurence Blisson estime que l’état d’urgence « fait de chacun d’entre nous un suspect par principe, et nous prive d’une liberté essentielle dans une démocratie, qui est celle de se sentir libre, dans l’espace public, d’aller et venir sans avoir un contrôle policier permanent lorsqu’on n’a rien fait. » Et la syndicaliste d’ajouter : « Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne dans une démocratie. » Selon Human Rights Watch, « la France a effectué des perquisitions et des assignations à résidence abusives et discriminatoires contre des musulmans dans le cadre de sa nouvelle loi à vaste portée sur l’état d’urgence. Ces mesures ont créé des difficultés économiques, ont stigmatisé les personnes ciblées et ont traumatisé des enfants. »
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