Elle s’appelle GBU-43/B, mesure 9,17 mètres pour 9 780 kilos. Loin d’un être une nouveau-née, il s’agit plutôt d’une mère : « la mère de toutes les bombes ». Hier, les Etats-Unis ont en effet largué la plus puissante bombe de leur arsenal non nucléaire sur l’est de l’Afghanistan, dont les émanations ont été visibles à plus de 30 kilomètres à la ronde. Selon les informations communiquées ce matin par le ministère de la Défense afghan, la démonstration de force américaine a fait son effet : l’explosion, qui avait ciblé le fief afghan de Daesh, a causé 36 morts au moins dans les rangs de l’Etat islamique (EI), tout en épargnant la vie des civils. Sous l’aval de Donald Trump, l’armée américaine n’a pas hésité à sortir les grands moyens pour venir à bout du « complexe de tunnels et de grottes » creusés par l’EI dans la province de Nangarhar, à la frontière avec le Pakistan, qui leur « permet de se déplacer librement et d’attaquer avec plus facilité ». C’est dans cette province où, samedi dernier, un sergent « béret vert » – une unité des forces spéciales américaines qui collaborent avec leurs homologues afghanes – avait été tué dans un combat contre les hommes de l’EI.
16 millions de dollars pièce
Les dimensions de la bombe, hors normes, ont contraint les militaires à employer un avion spécial, le C-130 Hercule, pourtant incapable d’esquiver des tirs éventuels de missiles de par sa lenteur. Essayée pour la première fois en mars 2003 en Floride, sous l’administration de Bush fils, cette bombe avait joué un rôle de dissuasion et de menace avant l’invasion de l’Irak, entamée la semaine suivante aux côtés du Royaume-Uni. Au-delà des restrictions dues à des considérations géopolitiques, la « mère de toutes les bombes » s’utilise au compte-goutte d’abord pour son coût, exorbitant : chacun de ces engins de mort coûte en effet 16 millions de dollars. Et il en reste encore 14 dans l’arsenal de l’Oncle Sam, en Oklahoma…