Ce document montre l’évolution de la diplomatie américaine au Proche-Orient. Dans un rapport publié par l’administration Trump, qui recense notamment les violations des droits humains dans deux-cents pays, dont Israël, le ton est amical envers l’Etat hébreu. Ce rapport parle en effet de « la situation des droits de l’Homme en Israël, dans le plateau du Golan, dans la rive occidentale et dans la bande de Gaza » en n’utilisant quasiment plus le terme de « territoires occupés ». Ce rapport, dénonce Human Rights Watch, « supprime presque entièrement toute référence à l’occupation. »
Le rapport, continue HRW, cède « au récit du gouvernement israélien sur des questions clés. » En effet, alors que le rapport de 2017 pointait du doigt la « discrimination institutionnelle et sociétale contre les citoyens arabes d’Israël » qui étaient « parmi les problèmes les plus importants des droits de l’Homme », cette discrimination n’apparaît plus dans le nouveau rapport de l’administration américaine.
« Pendant des décennies, les Etats-Unis n’ont pas suffisamment utilisé leur influence pour faire pression sur le gouvernement israélien »
En septembre dernier, l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, dans une interview au Jerusalem Post, parlait d’« occupation supposée » des territoires palestiniens. Avec ces déclarations et le rapport du département d’Etat américain, certaines personnalités politiques israéliennes y voient une occasion d’enfoncer le clou. Le président du conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, estime qu’il s’agit là « d’une occasion historique qu’il ne faut pas rater » de mettre en place une stratégie de colonisation encore plus offensive.
Pour Human Rights Watch, en revanche, ce revirement américain est anormal. « Pendant des décennies, les Etats-Unis n’ont pas suffisamment utilisé leur influence pour faire pression sur le gouvernement israélien afin de mettre fin à des décennies de répression, de discrimination institutionnalisée et d’abus systématiques des droits des Palestiniens », indique l’ONG qui dénonce la disparition des abus israéliens dans le document de l’administration Trump. « Loin de renforcer la position des Etats-Unis, fermer les yeux sur la réalité ne fait qu’isoler les Etats-Unis du consensus international autour des abus d’Israël et rend leur voix moins crédible et pertinente », conclut HRW.