Hongrie, Slovaquie, Pologne : des pays qui, par la voix même de leurs dirigeants, expriment sans détour leurs réticences – quand ce n’est pas leur refus – d’une immigration musulmane qui serait incompatible avec leurs « sociétés chrétiennes ».
« L’Islam n’a pas sa place dans une Europe chrétienne ». C’est ce que déclarent en choeur des dirigeants de pays d’Europe de l’Est, à propos des dizaines de milliers de réfugiés qui frappent continuellement aux portes de l’Europe, fuyant les violences et les conflits en Moyen-Orient et en Afrique. La Hongrie a ainsi érigé un mur de barbelés de 175 kilomètres le long de sa frontière méridionale. Un pays qui a aussi déployé 10 000 représentants des forces de l’ordre (policiers et soldats) tout au long de cette frontière et qui a recruté près de 3 000 « chasseurs », les équipant de bombes lacrymogènes et même d’armes à feu, pour former un premier rideau protecteur face à l’afflux de migrants.
Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, a d’ailleurs clairement affirmé que « ceux qui arrivent ont été élevés dans une autre religion et représentent une culture radicalement différente ». Auteur d’une tribune publiée dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine, Orbán souligne que « la plupart des réfugiés sont musulmans ». Ce qu’il considère comme « un problème important », dans la mesure où « l’Europe et l’identité européenne est inscrite dans la chrétienté ». Le chef de l’exécutif hongrois a profité de cet espace d’expression pour rappeler que à ses compatriotes et au reste de l’Europe orientale des épisodes de l’histoire au cours desquels les musulmans ont envahi leurs territoires. Il enjoint particulièrement la population rurale à faire preuve du même « courage » que celui de leurs ancêtres « dans la guerre contre les armées ottomanes ».
Une intégration « tout simplement impossible »
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, fait encore moins dans la nuance. Pour lui, non seulement « l’Islam n’a pas de place dans [son] pays » mais il considère que les migrants musulmans n’ont pas le droit de « modifier le caractère de notre pays », selon des propos rapportés par le Washington Post. « L’idée d’une Europe multiculturelle a échoué », avance-t-il, insistant sur le fait que « les migrants ne peuvent être intégrés, c’est tout simplement impossible ».
Même son de cloches du côté de la Pologne, qui préfère n’accepter que des réfugiés chrétiens. « Une personne qui arrive en Pologne doit démontrer qu’il ou elle peut s’intégrer à notre culture et à notre société », a affirmé le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, dans un entretien accordé au site d’informations en ligne The Middle East Eye. « C’est pourquoi nous avons davantage d’espoir que les réfugiés chrétiens ont un meilleur potentiel d’assimilation », a-t-il poursuivi.