Alain Finkielkraut s’est aventuré place de la République, où se tient le mouvement Nuit Debout. Mais il s’est fait raccompagner vers la sortie dès son arrivée…
C’était un peu « Rendez-vous en terre inconnue ». Il aurait mis un maillot du Paris Saint-Germain pour assister à un match au stade Vélodrome que cela n’aurait pas été plus provocateur. Le philosophe Alain Finkielkraut est venu samedi soir place de la République à Paris pour voir ce qu’il s’y passait. « Par curiosité », dit-il, là où on verrait plutôt de la provocation. Le pensionnaire de l’Académie française tenait à voir de ses propres yeux la manifestation, pour savoir à quoi s’en tenir « sans passer par le filtre des médias » dans lesquels il est, rappelons-le omniprésent. Son éjection a fait le buzz sur internet, les vidéos le montrent en effet traitant les manifestants de « fascistes ».
Quand Finkielkraut joue la provoc
Ses supporters ont quant à eux entendu Finkielkraut être victime d’injures comme « sale juif » et crient à l’antisémitisme. Etonnamment, aucune vidéo ne démontre ces propos. Quoi qu’il en soit, les soutiens au philosophe — généralement opposés au mouvement Nuit Debout — semblent étonnés d’un tel accueil. « J’ai été expulsé d’une place où doivent régner la démocratie et le pluralisme, donc cette démocratie, c’est du bobard, ce pluralisme, c’est un mensonge », s’est énervé Alain Finkielkraut après avoir été raccompagné loin du rassemblement. Mais pourquoi s’est-il aventuré là-bas ? Pourrait-on imaginer Emmanuel Macron déambuler tranquillement dans les allées de La Fête de L’Huma ou Marine Le Pen se promener dans la « jungle » de Calais ?
Car la question est la suivante : le philosophe a-t-il joué la provocation en se rendant à la République pour mieux jouer ensuite la victime ? Il représente tout ce que rejettent les manifestants de Nuit Debout : le philosophe est réactionnaire et raciste et monopolise la parole dans les médias. A propos des émeutes de banlieue en 2005, il avait déclaré au journal israélien Haaretz : « En France, on aimerait bien réduire ces émeutes à leur dimension sociale, les voir comme une révolte des jeunes des banlieues contre leur situation, contre la discrimination dont ils souffrent, contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont des Noirs ou des Arabes avec une identité musulmane. » A l’époque, il n’avait pas tenté de se rendre dans une de ces banlieues « par curiosité. »