Les Français musulmans ne verront pas Nicolas Sarkozy accéder à la présidence de la République. Celui qui comptait proposer l’interdiction du voile dans l’espace public a été éliminé, terminant troisième de la primaire de la droite et du centre. Il n’y aura pas plus de Nicolas Sarkozy que de Jean-François Copé, qui échoue lamentablement après n’avoir recueilli qu’un petit 0,3 % des suffrages. Cela se jouera donc entre François Fillon et Alain Juppé. Mais selon toute vraisemblance, c’est bien ce premier qui devrait porter les couleurs des Républicains lors de la présidentielle de 2017. Que peuvent attendre les musulmans du candidat ? Quel discours tient François Fillon sur l’Islam en France ? En juillet dernier, l’ex-Premier ministre dénonçait le « réflexe pavlovien » des gens de droite qui, dès qu’on parle des musulmans, « se mettent à éructer. » François Fillon va-t-il donc dépassionner le débat sur l’Islam de France ?
François Fillon, défenseur d’une laïcité mesurée
En septembre dernier, François Fillon a tenu à parler d’Islam. Il faut dire que tous les candidats à la primaire de la droite et du centre avaient leur avis sur la question. Dans son livre « Vaincre le totalitarisme islamique », celui qui fut Premier ministre de Nicolas Sarkozy assurait qu’« il y a un problème lié à l’Islam. » Mais Fillon dénonçait surtout les personnes « tentées de s’attaquer à la liberté religieuse. » « Depuis l’attentat de Nice, certains demandent l’interdiction de tous les signes religieux dans l’espace public, dénonçait alors François Fillon. Là, je dis stop ! » L’ex-locataire de Matignon conseille d’ailleurs de « reprendre les bases du discours sur la laïcité, les fondements du pacte républicain, les réaffirmer, les appliquer avec rigueur et refuser de réagir à toutes les provocations qui visent à diviser la société française. »
Si, sur l’Islam, François Fillon semble donc avoir un discours plus mesuré que ses concurrents éliminés, celui-ci a un avis plutôt tranché sur la colonisation et sur l’immigration. Sur le premier sujet, il estime par exemple que la France n’est « pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord. » Une conception étonnante de la colonisation et de son rôle « positif. » Concernant l’immigration, François Fillon espère réduire les nombres d’étrangers autorisés à venir en France, notamment en créant des quotas. Toujours sur ce thème, François Fillon propose « d’autoriser les statistiques d’origine » et de « subordonner l’acquisition de la nationalité française à l’assimilation des étrangers. » A l’intégration, François Fillon préfère donc l’assimilation. Nicolas Sarkozy est donc hors-course, mais ses idées sont toujours bien présentes.