Bien qu’il soit très discret à ce sujet, Emmanuel Macron s’intéresse à l’Islam en France. S’il écoute plusieurs personnalités sur le sujet — Hakim El Karoui et Rachid Benzine en tête —, le président de la République a lancé une grande série de consultations. Parmi les personnes reçues à l’Elysée ou rencontrées hors des murs du palais, Sherin Khankan, la Danoise d’origine syrienne devenue imam, l’islamologue Gilles Kepel ou encore le philosophe tunisien Youssef Seddik.
Une mosaïque de personnalités dont on a du mal à savoir ce qu’elles pourront apporter à Emmanuel Macron. Si, en concertation avec le ministère de l’Intérieur, l’Elysée prépare un « plan d’ensemble » qui doit servir à structurer « l’Islam de France », on a l’impression que les autorités françaises se cherchent sur le sujet.
Il faut dire que l’ignorance a souvent été de mise quant à l’Islam en France : on se souvient par exemple de Sylvie Goy-Chavent, rapporteure d’une mission sénatoriale d’informations sur la filière viande, qui confondait halal et casher lors de l’auditions des représentants du culte musulman ou encore de Manuel Valls qui désire interdire le salafisme en estimant que ce courant est trop politisé.
« Il est extrêmement difficile de fermer des lieux de culte que vous ne connaissez pas »
Force est de constater que l’Etat patauge. Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ce dimanche, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a expliqué à demi-mots que les autorités politiques du pays avaient du mal à se prononcer sur une restructuration du culte musulman tant elles ne comprennent pas les enjeux. « Il est difficile de fermer des lieux de culte que vous ne connaissez pas », a-t-il lâché de façon laconique.
Le ministre a estimé qu’il fallait « renforcer » la loi de 1905 tout en avouant que « l’Islam de France n’est pas organisé tel que nous pourrions imaginer qu’il le soit. » Gérald Darmanin indique que « plus de 80% des associations qui gèrent des lieux de culte musulmans sont des lois 1901 » et non des associations cultuelles loi 1905. Le ministre rappelle que « la loi permet de vous réunir sans forme associative » et qu’« il est extrêmement difficile de fermer des lieux de culte que vous ne connaissez pas ou mal. » Un mea culpa qui montre que l’organisation du culte musulman en France pourrait se heurter à un véritable problème de méconnaissance de la part des politiques.