Dans une étude publiée récemment, l’Institut national d’études démographiques (INED) revient sur les prévisions de l’écrivain Stephen Smith qui, dans « La Ruée vers l’Europe », estimait que l’Europe serait peuplée de 25 % d’immigrés subsahariens à l’horizon 2050, soit 150 à 200 millions de personnes. Dans La Croix, le sociologue, antropologue et démographe François Héran estime que cette statistique « ne tient pas la route. »
Le démographe a tenu à rétablir la vérité des chiffres. « L’ordre de grandeur le plus réaliste est cinq fois moindre », explique-t-il en ajoutant que « les Subsahariens, qui représentent 1 % de la population européenne représenteront tout au plus 3 ou 4 % de la population des pays du nord en 2050. » Dans son article publié par la revue de l’INED, il démonte la théorie du Grand remplacement en quelques données.
De bon augure avant les élections européennes de mai prochain qui pourraient se jouer sur la thématique de l’immigration. Selon le démographe, « 70 % des migrants subsahariens s’installent dans un autre pays africain, 25 % se répartissent entre le Golfe et l’Amérique du Nord et 15 % viennent en Europe. » On est loin de l’alarmisme de l’extrême droite qui imagine les Africains tenter de rallier l’Europe exclusivement.
Et les chiffres sont têtus, rappelle François Héran : « Si l’on intègre la croissance démographique projetée par l’ONU. C’est-à-dire le passage de 970 millions d’Africains en zone subsaharienne à 2,2 milliards en 2050 (…), les immigrés subsahariens installés dans les pays de l’OCDE pourraient représenter en 2050 non plus 0,4 % de la population, mais 2,4 %. » On est donc loin d’une « invasion, même en ajoutant la seconde génération », résume le scientifique.
Pour étayer son propos, le démographe s’appuie « sur des statistiques de plus en plus fiables qui autorisent à se passer des états civils parfois lacunaires. » Et cela montre « que l’Afrique émigre moins que l’Amérique centrale, l’Asie centrale ou les Balkans. » Là encore, de quoi revoir ses préjugés.