« On est obligé de refléter la réalité. Ces ‘istes’ ne sont même pas une minorité, ils font l’exception. Or, aujourd’hui, on montre qu’ils sont la majorité. » Sur la radio France-Maghreb 2, le président du CFCM Ahmet Ogras a continué sa critique du rapport publié dimanche par l’institut Montaigne sur « La fabrique de l’islamisme ». Dans LeMuslimPost, lundi, il prévenait : « Les musulmans ne vont pas laisser faire une OPA hostile sur l’Islam alors que l’on commence enfin à s’unir. Les musulmans sont des intégrants majeurs, le CFCM évolue sur sa réforme et son association cultuelle. »
Depuis la fin du week-end, de nombreux responsables musulmans sont montés au créneau. La Grande mosquée de Paris, dans un communiqué publié ce mardi, déplore un rapport « opportuniste », qui « fait l’amalgame entre Islam et islamisme. » Dalil Boubakeur, le recteur du lieu de culte parisien, indique que le document de l’institut Montaigne « oublie volontairement la communauté musulmane de France » et « s’étonne vivement des termes de ce rapport lacunaire qui fait fi de toutes considérations religieuses et d’analyse sociologique avérée », malgré sa consistance — six-cents pages.
Du côté du CFCM, Ahmet Ogras n’est pas le seul à avoir réagi. Abdallah Zekri, délégué général du Conseil, estime que « c’est la montagne qui a accouché d’une souris » et qu’« il n’y a aucune proposition nouvelle » contenue dans ce document. Surtout, dit-il, « c’est aux musulmans de s’occuper de leur religion, ce n’est pas à l’Etat de l’organiser. » Toujours aussi peu virulent, l’ancien président du CFCM Anouar Kbibech remarque qu’il n’a « pas constaté du tout cette montée si inquiétante » de l’islamisme. Le président actuel, lui, vise directement Hakim El Karoui. « Il y a des personnes qui se disent de la communauté mais qui n’ont aucune valeur, aucune morale de notre communauté et on ne peut pas prendre en otage toute une majorité à cause d’une infime minorité », a indiqué Ahmet Ogras sur franceinfo.
La Grande mosquée de Lyon a elle aussi donné son avis. Kamel Kabtane, son recteur, assure « que les travaux qui ont lieu aujourd’hui, dans les préfectures de France, contredisent les projets de Mr. El Karoui et consorts. » La Grande mosquée de Lyon « dénonce avec force ce rapport qui divise les Français. Pour nous, la seule lutte qui vaille aujourd’hui pour combattre l’islamisme, c’est celle qui associe tous les Français pour construire une France qui rassemble, une France juste et fraternelle. » Kamel Kabtane ajoute enfin que « ce rapport, au contour incertain et aux objectifs hasardeux, montre combien ses promoteurs, au mépris des règles déontologiques, tentent de jeter le discrédit sur la communauté musulmane et ses représentants » et en appelle à Emmanuel Macron à « être aussi à l’écoute de tous ceux qui, sur le terrain, œuvrent pour donner au vivre-ensemble tout son sens. »