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Harcèlement sexuel : dénoncer sur les réseaux sociaux, et après ?

Il est des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Une femme sur cinq se dit victime de harcèlement sexuel au travail ou dans la rue, selon une étude de 2014 réalisée par le Défenseur des droits. Les violences sexuelles toucheraient chaque année environ 580 000 femmes selon une enquête de l’INED en 2016

Depuis les révélations de l’affaire Weinstein aux Etats-Unis (cinq femmes ont accusé le magnat de Hollywood de les avoir violées, en tout 38 femmes l’accusent de harcèlement), des dizaines de milliers de témoignages de femmes ont été publiés sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #BalanceTonPorc. A l’origine de ce mot-dièse, la journaliste Sandra Muller, qui a révélé le harcèlement sexuel qu’elle a subi de la part de l’ancien président de la chaîne Equidia. En deux jours, la Toile s’est enflammée avec plus de 60 000 tweets reprenant ce hashtag. 

Mais si les réseaux sociaux sont un moyen de libérer la parole et de mettre à jour un vrai fléau, au quotidien, peu de femmes portent plainte. Par exemple, seuls 5% des cas de harcèlement au travail seraient portés devant la justice.

Bien souvent, les femmes n’osent pas dénoncer leurs harceleurs, de peur de perdre leur emploi. 

De plus, dans les commissariats, les affaires sont souvent banalisées et les femmes peu écoutées quand elles viennent porter plainte. Le problème majeur reste aussi d’apporter des preuves, quand dans ce genre de situation, les témoins sont absents. 

Un nouveau projet de loi sur le harcèlement en 2018

Alors comment mieux protéger les femmes ? Récemment une tribune intitulée « Pour en finir avec l’impunité sur le harcèlement sexuel : dénoncer c’est bien, protéger c’est mieux »  a été initiée par l’ex-secrétaire d’Etat à l’Aide aux victimes, Juliette Méadel.

Parmi les propositions suggérées figurent un meilleur accompagnement des victimes, un allongement du délai de prescription des plaintes pour harcèlement sexuel (fixé à 6 ans actuellement), le lancement d’une campagne d’information et la création d’une section spéciale du parquet. 

Emmanuel Macron s’est aussi emparé du sujet, lors de son allocution télévisée. Il souhaite la mise en place d’une « procédure de verbalisation plus simple » de ce fléau, « pour qu’il y ait une réponse immédiate. » Le président de la République a proposé la création d’une « police de sécurité du quotidien », et ce « en particulier dans les transports ». 

Une nouveau projet de loi est également prévu pour 2018 par le gouvernement et porté par Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Il vise entre autres à verbaliser le harcèlement de rue, à allonger le délai de prescription pour les crimes sur mineurs et à définir un âge en-dessous duquel un enfant ou un adolescent sera présumé comme non consentant à un acte sexuel. 

Subir des blagues à caractère sexuel au travail ne relève pas du harcèlement, selon 53 % de sondés

Mais avant tout, la priorité reste de faire changer les mentalités. Car malgré une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel en 2012, qui lui apportait une définition plus complète tout en imposant de nouvelles sanctions, celui-ci est encore minimisé. Une enquête de 2014 du Défenseur des droits révèle que pour la plupart des sondés, subir des blagues à caractère sexuel au travail ne relève pas du harcèlement (53 %) ou n’est pas grave (52 %). Une perception qui est plus fréquente chez les hommes (60 %). 

Ainsi un vrai travail de prévention et de sensibilisation est nécessaire. 

Et pour que la vague de dénonciation amorcée sur les réseaux sociaux ne tombe pas dans l’oubli, un rassemblement est prévu dimanche 29 octobre à Paris, place de la République. Baptisé « #MeToo dans la vraie vie » il a été lancé sur Facebook par la journaliste Carol Galand. En quelques jours, 1 500 personnes ont annoncé leur participation et plus de 7 000 personnes ont dit être intéressées par cet évènement. D’autres initiatives devraient voir le jour dans les grandes villes françaises. 

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