jeudi 31 octobre 2024
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Au nom du Rafale, Macron enterre l’âme de la France sous les pieds de Sissi

Les droits humains, oui. Mais pas à n’importe quel prix. Et pour une commande de douze Rafale à l’Egypte, la France est prête à passer l’éponge sur quelques uns de ses principes. En visite officielle à Paris, le maréchal al-Sissi aimerait en effet repartir avec la signature d’un contrat de douze Rafale avec des facilités de paiement. L’Egypte a l’habitude de faire des affaires avec la France et ce n’est pas cette nouvelle dictature en Egypte qui changerait le cours de l’histoire: entre 2014 et 2016, l’industrie d’armement française a en effet récolté près de sept milliards d’euros auprès de l’Egypte et ce, grâce au soutien financier solide de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis. Mais selon La Tribune,  Bercy vient de bloquer les contrats, l’Egypte ayant un encours important vis-à-vis de la France. Si la croissance Egyptienne vient à être estimée à 6 %, Emmanuel Macron pourrait bien débloquer le contrat.

Tout comme Jacques Chirac déclarait aux Tunisiens que la dictature de Ben Ali était acceptable tant qu’ils avaient à boire et à manger, ou comme Nicolas Sarkozy qui recevait Kadhafi en grandes pompes alors que ses geôles ne désemplissaient pas de prisonniers politiques, Emmanuel Macron ne pouvait pas mieux cacher cacher son mépris pour la situation des droits humains en Egypte.  

Les ONG — Human Rights Watch, Amnesty International, la FIDH et Reporters sans frontières en tête — estiment que l’Egypte vit sa « pire crise des droits humains depuis des décennies. » Dimitris Christopoulos, président de la FIDH, estime que « le soutien aveugle à al-Sissi doit cesser » et dénonce « des mesures de plus en plus liberticides (qui) frappent notamment de nombreux militants associatifs » en Egypte, sous couvert de lutte contre le terrorisme. « La France a failli à sa mission de défense des droits humains, écrit le président de la Fédération internationale des droits de l’Homme dans une tribune. Pire, au cours des trois dernières années, Paris n’a fait que renforcer sa coopération économico-militaire avec l’Egypte. » Dimitris Christopoulos demande si les différents contrats d’armement entre l’Hexagone et l’Egypte sont « le prix du silence pour les violations du régime d’al-Sissi. »

Selon l’Elysée, la rencontre qui a lieu aujourd’hui entre Emmanuel Macron et al-Sissi « permettra d’évoquer les sujets d’intérêt commun comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme, mais également la situation des droits de l’Homme. » Sauf que, précise la même source, sur ce dernier point, la France veut rester « discrète. » Autant dire que le président français risque de dérouler le tapis rouge au maréchal égyptien et de n’évoquer qu’en surface la répression qui sévit en Egypte. Il faut dire qu’un gros contrat d’armement est en jeu. Car comme l’indique Bruno Le Maire, « s’il peut y avoir de nouveaux contrats » avec l’Egypte, « c’est tant mieux si le régime a les moyens de payer les Rafale. » Pour le ministre de l’Economie, les droits humains seront « bien sûr » abordés lors du déjeuner entre Macron et al-Sissi. Entre le fromage et le dessert ?

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