Si les six prétendants à l’élection présidentielle du 19 mai prochain divergent sur bien des points, ils s’accordent néanmoins sur un point : il faut sauver l’institution « mariage ». Conscients que la baisse du nombre des unions – en dépit de la volonté des jeunes prétendants – pourrait mettre en péril la « moralité islamique », les six candidats se livrent à une surenchère à qui proposera les meilleures solutions en la matière. A commencer par les incitations financières, qui ont focalisé les discussions lors du premier débat électoral télévisé, vendredi dernier. Le président sortant, le modéré Hassan Rohani, a ainsi tenu à défendre le travail de son gouvernement face aux critiques de ses adversaires sur la persistance de la principale difficulté au mariage pour les jeunes, le chômage. Une critique que Rohani a écarté d’un revers de main, assurant que son mandat a permis de restaurer la confiance indispensable à l’attrait des investissements vecteurs d’emplois. « Sans investissements, aucun poste ne peut être créé et les jeunes ne peuvent espérer avoir une vie conjugale », s’est-il ainsi défendu. La réaction de son rival et actuel maire de Téhéran, Mohamad Baqer Qalibaf, ne s’est pas fait attendre, dénonçant « les niveaux élevés de dépression » dans la population – sur la base de statistiques officielles – et réaffirmant que « le bonheur ne s’atteint qu’avec un travail ».
Crédit mariage à taux bonifié
Autre candidat, le religieux conservateur Ebrahim Raïssi est intervenu dans le débat pour souligner l’urgence de faciliter l’accès au crédit, dont dépend, selon lui, « les espérances et le bonheur de la jeunesse ». Il en a profité pour tacler le gouvernement de Rohani en rappelant qu’il y a « actuellement 500 000 personnes en liste d’attente pour recevoir son crédit mariage ». Eshaq Yahanguirí, actuel premier vice-président, a tenu à mentionner pour sa part que le gouvernement avait augmenté leur montant pour les faire passer de 30 à 100 millions de rials iraniens – soit de 850 euros à 2 800 euros environ, dans un pays où le salaire mensuel brut demeure en deçà de 330 euros. Il faut savoir que les banques publiques iraniennes offrent à toute personne qui se marie un prêt à taux bonifié, censé accompagner les débuts de la vie en couple. Un prêt dont les montants sont perçus comme ridiculement dérisoires par les catégories visées – les jeunes célibataires. « Le crédit est indispensable mais insignifiant », se plaint ainsi à l’agence de presse espagnole EFE Bahare Parham, une célibataire de 32 ans, qui fait référence à l’inflation galopante, notamment dans le marché immobilier. « La situation économique est très mauvaise, la plupart des jeunes de mon entourage est sans travail ou gagne très peu » pour assurer les dépenses liées à un mariage. Le problème, poursuit-elle, est que « dans le même temps, respecter les lois islamiques est une obligation en Iran, sinon, on peut finir en prison ». « Nous n’avons pas le choix : nous devons nous marier », conclut-elle.