Les femmes sont plus victimes d’islamophobie que les hommes en France. Le CCIF a plaidé leur cause aux Nations Unies et dénoncé les discours politiques encourageant l’islamophobie.
Au début de l’année, le rapport annuel du Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) indiquait que l’islamophobie frappe plus les femmes que les hommes. Le CCIF s’est rendu à Genève, aux Nations Unies, pour dénoncer ce phénomène auprès de la communauté internationale. La responsable du service juridique de l’organisation, Lila Charef, était invitée par le Comité de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). L’occasion de rappeler que 74 % des victimes d’islamophobie en France sont des femmes. La membre du CCIF a dénoncé une islamophobie encouragée par les politiques : « Aujourd’hui en France, l’islamophobie c’est avant tout un climat malsain ponctué des tirades à l’emporte-pièce de la part de personnalités de premier plan : nos gouvernants », explique-t-elle.
« La France refuse de prendre acte de la gravité de la situation »
Pour la responsable du service juridique du CCIF, la « violence envers les femmes est très régulièrement légitimée dans le champ médiatique, intellectuel et politique. » Le CEDAW est au courant depuis plusieurs années des manquements de la France dans ce domaine. Mais, comme le rappelle Lila Charef, « malgré les observations et recommandations du Comité CEDAW en 2008, la France refuse de prendre acte de la gravité de la situation et ne répond pas à la détresse spécifique d’une partie de ces citoyennes, les femmes musulmanes. » « Ne sommes-nous pas des femmes ? », demande-t-elle à la fin de son discours devant les membres du comité.
Au nom du CCIF, Lila Charef a ensuite fait plusieurs propositions aux membres du CEDAW. Elle demande notamment à l’Etat et aux institutions françaises de « reconnaitre l’islamophobie comme une forme spécifique de racisme » et d’« en faire une cause nationale, comme cela est déjà le cas pour l’antisémitisme. » Elle exhorte également, entre autres propositions, les autorités françaises à « prendre des mesures concrètes pour la collecte et l’enregistrement de données et statistiques ethniques et religieuses fondées sur les perceptions et auto-perceptions des personnes interrogées », et à « mettre fin à toute velléités d’extension de la neutralité religieuse dans l’espace public ainsi que dans les espaces privés tels que les entreprises. »