L’information a été révélée seulement hier par le quotidien Haaretz : l’armée israélienne a entamé, depuis quelques mois, des travaux de construction d’un nouveau mur. Qui se distingue toutefois par sa localisation : il est érigé à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, à la frontière avec la bande de Gaza. L’Etat hébreu entend ainsi couper court aux activités des tunnels gazaouis, pourtant essentiels à la survie des habitants de l’enclave. « Ce mur sera construit coûte que coûte », a commenté un des cadres militaires supervisant l’opération, en référence à de possibles représailles de la part des combattants du Hamas, qui contrôle l’enclave. « Si le Hamas veut aller à la guerre pour ce mur, ce sera une raison digne [pour Israël] d’aller à la guerre. Mais le mur sera construit », a-t-il martelé. Le début des travaux a été consacré à des tests, pour en vérifier la viabilité et l’efficacité. Dès le mois d’octobre prochain, un millier d’employés supplémentaires, recrutés à l’étranger, seront affectés sur une quarantaine de sites clés et se relaieront pour assurer la continuité des travaux 24 heures sur 24 – sauf jour de Shabat.
Nom du projet : « Obstacle »
Car ce projet, intitulé par euphémisme « Obstacle », devrait aboutir à un mur qui s’étend, sur 65 kilomètres, de la côte méditerranéenne au nord de la frange de Gaza jusqu’au passage de Kerem Shalom, plus au sud, là où se croisent les frontières gazaouies, égyptiennes et israéliennes. Un projet titanesque également par son coût : selon le périodique israélien, l’ouvrage devrait mobiliser 3 milliards de shekel – l’équivalent de 769 millions d’euros – qui se sont d’ailleurs ajoutés aux 308 millions d’euros investis dans la recherche de solutions technologiques pour la détection des tunnels. Le mur souterrain sera doté tout son long de capteurs électroniques pour détecter toute tentative de perforation. L’idée d’un mur souterrain, qui « sécuriserait » davantage le territoire israélien, trottait en tout cas dans la tête des dirigeants israéliens depuis l’offensive meurtrière en 2014. Cet été-là, plus de 2100 Palestiniens – dans leur immense majorité civils – avaient été tués, contre six civils israéliens. Un bilan de cette « guerre », dressé sous forme de rapport par le Contrôleur de l’Etat israélien, avait entre autres pointé un « manque de préparation » d’Israël pour affronter la « menace » représentée par l’activité de ces tunnels.