Il n’aura fallu que sept jours aux députés pour adopter en première lecture le projet de loi asile-immigration. Cela peut paraître long, mais le texte, défendu par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, était l’occasion d’opposer deux visions aux antipodes de l’accueil en France.
Le texte a été adopté par 228 voix contre 139, 24 députés se sont abstenus. Parmi les parlementaires qui ont voté en sa faveur, ceux de La République en Marche. Il faut dire que la marge de manœuvre a été très limitée pour les membres de la majorité : Richard Ferrand, patron du groupe LREM, avait indiqué en amont du vote que ceux qui s’y opposeraient seraient exclus du groupe.
Une menace qui a fonctionné. Alors que neuf députés LREM s’opposaient à la mesure d’allongement de la durée maximale de séjour en centre de rétention de 45 à 90 jours, tandis que d’autres demandaient l’interdiction du placement de mineurs en rétention, les parlementaires de la majorité ont voté oui.
Un seul d’entre aux a osé désobéir. Jean-Michel Clément, qui appartenait pourtant au groupe La République en Marche, a en effet voté contre le projet de loi asile-immigration. Il a également quitté le groupe dès sa sortie de l’Hémicycle.
Finalement cette loi « asile et immigration » aura été une formidable tribune pour le Front National. C’est lui qui sort gagnant de ce débat en mêlant asile et immigration.
— Jean-Michel Clément (@jmclement86) 22 avril 2018
Député de la Vienne, Jean-Michel Clément s’est désolé que cette loi soit « une formidable tribune pour le Front National » et estime que c’est le parti de Marine Le Pen qui sort « gagnant de ce débat en mêlant asile et immigration. » Dans un communiqué, le député rappelle que toute sa vie « s’est construite autour de valeurs simples, de liberté, de justice et d’humilité, plaçant toujours l’homme au centre de (ses) attentions. » Selon lui, « manifestement, dans le texte que nous avons voté, l’homme, la femme ou l’enfant étaient toujours présents au détour de chaque article de la loi et de chaque amendement porté dans le sens d’une toute autre considération. »
Le député a estimé qu’il n’était « pas sûr que nous envoyions aux citoyens du monde le message universaliste qui a toujours été le nôtre » en votant ce texte. Il a également dénoncé la menace faite par le patron du groupe LREM : « Je pensais sincèrement que la complexité de ce sujet impliquait que chaque parlementaire de notre groupe soit libre dans son expression et dans son vote. Cela n’a pu être le cas, et je le regrette. »