Comme tous les ans, les équipes de la NFL aux Etats-Unis (National Football League) nomment un joueur pour le prix Walter Payton, de l’homme de l’année. Cette nomination vise à honorer le travail de bénévolat d’un joueur qui s’implique dans une œuvre caritative ainsi que son excellence sur le terrain. Le vainqueur est sélectionné parmi 32 nominés de 32 équipes différentes.
Plusieurs joueurs qui ont posé un genou à terre lors de l’hymne national en signe de protestation contre le racisme et qui ont fait les gros titres ces derniers mois, figurent dans cette liste : Michael Bennett des Seattle Seahawks, Kenny Stills des Miami Dolphins et Malcolm Jenkins des Philadelphia Eagles.
Mais Michael Bennett et Kenny Stills se sont aussi faits remarquer en février dernier pour une décision courageuse. Tous les deux ont refusé de prendre part à un voyage en Israël organisé par le gouvernement Netanyahu. Quatre autres joueurs se sont aussi retirés après avoir compris que ce séjour viserait à « aider le gouvernement israélien et à normaliser et blanchir sa négation permanente des droits palestiniens ».
« L’un de mes héros a toujours été Muhammad Ali et je sais qu’il a toujours soutenu fermement le peuple palestinien »
Les joueurs ont été touchés par les parallèles qu’ils ont pu faire entre la situation des Noirs américains dans des endroits comme Ferguson et la situation des Palestiniens à Gaza. Mais aussi par la volonté de Trump d’étendre encore le mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique comme l’a fait Israël avec la construction du mur sur la terre palestinienne occupée.
Une prise de position à saluer malgré les risques pour leur carrière, alors même que les riches propriétaires de certaines équipes sont des fervents partisans de l’agenda Trump/Netanyahou. Quand Michael Bennett a appris la réalité du voyage en février, il écrivait cette lettre pour justifier son choix.
« Cher Monde,
Il était prévu que je me rende en visite en Israël en compagnie des collègues qui jouent en NFL aussi. J’étais excité à l’idée de découvrir de mes propres yeux cette partie remarquable et historique du monde. J’ignorais, jusqu’au moment où j’ai lu dans le Times of Israel un article parlant de cette visite, que mon itinéraire avait été élaboré par le gouvernement israélien dans le but de faire de moi – ce sont les mots des responsables du gouvernement – ‘une personne susceptible de créer l’opinion et d’influencer le public’ et qui serait alors ‘un ambassadeur de bonne volonté’.
On ne m’utilisera pas de la sorte. Quand j’irai en Israël – et j’ai l’intention de m’y rendre –, ce sera pour voir non seulement Israël, mais aussi la Cisjordanie et Gaza, de sorte que je pourrai voir quelle existence mènent les Palestiniens, qui appellent cette terre leur patrie depuis des millénaires.
L’un de mes héros a toujours été Muhammad Ali. Je sais qu’Ali a toujours soutenu fermement le peuple palestinien, qu’il a visité des camps de réfugiés, qu’il a participé à des rassemblements et qu’il a toujours voulu être ‘une voix pour les sans-voix’. Je veux être moi aussi ‘une voix pour les sans-voix’ et je ne puis le faire en participant à ce genre de voyage en Israël.
Je sais que cela irritera certaines personnes et en inspirera d’autres. Mais sachez, s’il vous plaît, que je ne l’ai pas fait pour vous, mais pour être en accord avec mes propres valeurs et ma propre conscience. Comme le champion olympique des Jeux de 1968, John Carlos, le répète sans cesse : « Il n’y a pas d’engagement partiel pour la justice. Vous êtes engagé, ou vous ne l’êtes pas. » Eh bien, moi, je le suis.
Bien sincèrement,
Michael Bennett »