Dimanche, un correspond local de presse a été raccompagné par des gendarmes hors d’une église dans laquelle il se trouvait, suite à l’appel d’un paroissien inquiet.
Le correspondant du quotidien régional Ouest-France ne pensait pas qu’en faisant son travail, ce dimanche 31 juillet, il allait finir par être « suspecté » et apostrophé par deux gendarmes pour être évacué d’une église… Samedi, le correspondant, un Franco-Marocain, est chargé d’interviewer le prêtre Patrice Eon, dans son presbytère de la paroisse Sainte-Croix de Châteaubriant, suite à l’assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray. Jusque là, rien à signaler. Au lendemain de sa rencontre avec le père Eon, le correspondant décide de se rendre à l’église, où les musulmans ont été invités par le CFCM à se rendre pour montrer leur solidarité avec les catholiques. Le correspondant veut « juste écouter » et « prendre le pouls de la communauté catholique. »
Un paroissien prévient les gendarmes de la présence d’un homme « suspect »
C’est alors que débute le chemin de croix du correspondant de presse. Il raconte à son journal : deux femmes gendarmes « m’ont demandé si c’étaient mon sac et mon casque qui étaient au sol. J’ai répondu oui et elles m’ont demandé de les suivre à l’extérieur. » Ce contrôle aurait fait suite au signalement de l’homme par un paroissien, qui avait prévenu la gendarmerie de la présence d’un homme « suspect » dans son église. L’homme a beau expliquer qu’il est correspondant de presse, il est raccompagné sous bonne escorte à l’extérieur de l’édifice religieux. Le journaliste assure alors avoir ressenti un « sentiment d’humiliation », mais assure ne pas en vouloir à qui que ce soit. « C’est tombé sur moi mais je pardonne, assure-t-il. La peur n’est pas quelque chose de raisonné. »
Si, pour le Franco-Marocain, « ce qui s’est passé servira peut-être de leçon et permettra à chacun d’être plus prudent et moins jugeant afin que ça ne se reproduise plus », du côté du prêtre, on s’interroge. « Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau qui entre dans notre assemblée sous prétexte que nous ne le connaissons pas ? », demande le curé, qui concède que « le climat est à la peur », mais qui demande de « raison garder. » Selon lui, « l’église est un sanctuaire, un lieu sacré, un lieu où l’hospitalité est sacrée. » Le religieux a donc demandé, « au nom de toute la communauté chrétienne », pardon au correspondant local. Les gendarmes se sont, elles aussi, excusées.