Dans sa décision, le tribunal de grande instance de Paris a considéré que l’identité de cette plaignante avait déjà été rendue publique et que sa demande « porterait une atteinte excessive et disproportionnée à la liberté d’expression » de M. Ramadan, selon le jugement dont l’AFP a eu connaissance.
Il reconnaît toutefois que cette femme a subi un préjudice du fait de la diffusion de son nom sans son consentement et condamne l’intellectuel musulman à lui verser un euro symbolique.
Cette plaignante, appelée Christelle dans les médias, avait assigné lundi l’auteur et son éditeur pour que ce livre, « Devoir de vérité », soit modifié avant toute commercialisation et que son patronyme en soit retiré. Elle fondait sa requête sur la loi française qui interdit de diffuser l’identité de victimes d’agressions sexuelles.
Dans cet ouvrage, M. Ramadan relate la manière dont il a vécu l’affaire qui a éclaté à l’automne 2017 et a provoqué sa chute, dans un texte teinté de méditations spirituelles.
Le vrai nom de Christelle y est mentionné à 84 reprises, dénonçait son avocat dans son assignation.
Figure longtemps influente mais controversée de l’islam européen, Tariq Ramadan, 57 ans, est mis en examen (inculpé) depuis février 2018 pour les viols de deux femmes en France. Il a passé près de dix mois en détention provisoire avant d’être remis en liberté en novembre.
Il avait d’abord nié tout rapport sexuel avec ces deux femmes, avant d’être contredit par l’enquête et d’évoquer des « relations consenties ».
Il est également accusé par deux autres femmes de viols, dont l’un en réunion.
Depuis le début de cette affaire, l’aura dont Tariq Ramadan bénéficiait auprès d’une partie des musulmans a volé en éclats, à la suite de la révélation de ses relations extra-conjugales.
Lundi, la fédération Musulmans de France (ex-UOIF) s’est dite « trahie par le comportement » du théologien suisse.
Accusé également de viol par une femme en Suisse, Tariq Ramadan doit être entendu cet automne à Paris par un procureur de Genève.