Dans un édito sur l’Islam, Laurent Joffrin, du journal Libé, estime que ceux qui ne soutiennent pas l’imam Chalghoumi sont des intégristes. Ah bon ?
Décidément, Laurent Joffrin aime distribuer les bons et les mauvais points. Dans une tribune dans Libération, dont il est le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin nous offre une ode à Hassen Chalghoumi. L’imam de Drancy est l’invité récurrent des plateaux de télévision, il est « le bon musulman » qu’on invite dans les médias pour dénoncer « les mauvais musulmans », à savoir les terroristes de Daech, après chaque attentat. Si Laurent Joffrin a raison en disant qu’il faut « rétablir la vérité sur cette religion dont les terroristes, par leurs crimes, et les courants nationalistes, par leur propagande, ont fait une sorte d’épouvantail », pas sûr que Chalghoumi soit le meilleur représentant des musulmans de France.
Chalghoumi critiqué aussi par les modérés
Qu’importe, Laurent Joffrin décrète, en substance : « Chalghoumi, tu l’aimes ou tu es un terroriste. » La preuve : « Chalghoumi est contesté parmi les musulmans, dit-on. En fait, il est surtout critiqué par les intégristes », écrit le directeur de la rédaction de Libé. « C’est justement parce qu’il est le symbole d’un Islam qui prêche l’intégration à la République et la bonne entente avec les autres religions, notamment le judaïsme, qu’il est une cible », continue Laurent Joffrin qui semble avoir découvert l’Islam dans les deux livres de l’imam. Loin de nous l’idée de taper gratuitement sur Chalghoumi. Il est un musulman qui vit sa religion comme il l’entend. Comme tous les musulmans de France. Mais pourquoi tenter d’en faire le représentant d’une communauté qui ne se reconnaît pas en lui ?
Pour Laurent Joffrin, l’équation est simple : Hassen Chalghoumi est un modéré, ceux qui le critiquent sont donc des intégristes. CQFD. Une équation simpliste, que Pascal Bonniface, directeur de l’IRIS, avait en son temps démontée en une seule phrase : « Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. » Alors, pourquoi l’imam de Drancy est-il aujourd’hui le porte-parole des musulmans de France ? « Il n’est en rien représentatif des musulmans. Ce sont les médias et quelques responsables politiques qui le désignent comme tel, écrit Pascal Boniface. D’où un grand malaise provoquant un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par des non-musulmans un représentant qu’ils n’acceptent pas. »
Chalghoumi conforte les stéréotypes sur l’Islam
Surtout, estime le directeur de l’IRIS sur Le Plus de L’Obs, le discours de Chalghoumi « conforte les stéréotypes que l’on dit vouloir combattre. » Notamment lorsqu’il voyage en Israël, faisant croire à l’opinion française qu’il s’agit d’un conflit religieux là où l’on parle géopolitique. « Chalghoumi renforce l’idée que si les musulmans étaient plus modérés, le conflit pourrait être résolu. (…) Il accrédite l’idée qu’un musulman « modéré » ne critique pas le gouvernement israélien, et que ceux qui le font sont des extrémistes », résume Boniface. Si Hassen Chalghoumi ne représente pas la communauté musulmane, il ne représente pas non plus sa pensée. Et, oui, Laurent Joffrin, on peut être un musulman modéré et ne pas se sentir proche de l’imam de Drancy !
L’intégrisme, maladie de l’islam (ici)