Figure emblématique de la classe politique soudanaise, le dirigeant islamiste Hassan Tourabi, chef du Parti populaire du congrès (PCP), est mort à l’âge de 84 ans d’une crise cardiaque.
Hassan Tourabi était considéré comme le père spirituel des islamistes soudanais. Il a été la personnalité la plus influente du Soudan. Diplômé en droit de l’université de Khartoum,il poursuivra ses etudes à l’université de Londres et à la Sorbonne à Paris. En 1989, après le coup d’Etat militaire d’Omar Béchir, dont il était l’éminence grise, il fut nommé ministre des Affaires étrangères puis élu en 1996 à la présidence du Parlement. En décembre 1999, à la suite de sa rupture avec Omar El Bachir, il tente un coup d’Etat pour évincer le général du pouvoir, mais sa tentative échoue.
A la suite de sa rupture avec Béchir, Tourabi sera emprisonné à plusieurs reprises. En 2006, al-Tourabi sera accusé d’apostasie pour avoir écrit dans son livre-entretien avec Alain Chevalérias, « L’Islam, l’avenir du monde », que les femmes musulmanes devraient avoir le droit de se marier avec des chrétiens ou des juifs. Il s’est également déclaré favorable à l’organisation de prières conjointes entre hommes et femmes. Une façon moderne d’envisager l’Islam qui ne plaît pas à tout le monde…
L’affaire Carlos partie avec lui
Et puis, il y a cette mystérieuse affaire dans laquelle Ilich Ramirez Sanchez, dit « Carlos », a été transféré — enlevé — du Soudan en France, en août 1994. A l’époque, Charles Pasqua aurait négocié cette arrestation-enlèvement avec le leader islamiste Hassan Tourabi. Dans un entretien accordé au Figaro le 10 janvier 2006, le général Philippe Rondot, devenu célèbre par la suite dans l’affaire Clearstream, avait déclaré avoir lui-même dirigé l’opération. Sa déclaration eut pour conséquence, quelques mois plus tard, une plainte de Carlos pour enlèvement. Hassan Toubabi et Charles Pasqua ont tous les deux quitté ce monde, emportant avec eux leurs secrets.