Ce jeudi matin a débuté un scrutin important en Algérie : les législatives doivent permettre au peuple algérien – 23 millions de personnes sont appelées aux urnes – d’élire ses 462 députés. Alors que le pays est confronté à une grave crise économique, qui s’est accentuée depuis la chute des cours du pétrole, l’enjeu pourrait être de taille. Sauf que le FLN, le parti au pouvoir, symboliquement présidé par Abdelaziz Bouteflika, devrait logiquement remporter la majorité. Avec, en trame de fond, une fraude prévisible : à chaque élection, le parti au pouvoir tance les militaires de voter pour lui. Intimidation, utilisation de fichiers d’électeurs opaques ou encore votes de personnes mortes ou bourrages d’urnes… Les méthodes algériennes sont largement connues de la population. Et c’est sans doute pour cette raison que les jeunes ne se rendront qu’en faible nombre aux urnes.
Un enjeu subsiste donc, celui du taux d’abstention. En 2012, 57 % des votants n’avaient pas glissé de bulletin dans l’urne. Cette année, plusieurs partis politiques – notamment ceux d’Ali Benflis et de Sofiane Djilali – ont appelé au boycott des élections. Mais soucieux de montrer une image pseudo-démocratique, le gouvernement a, lors de la campagne, décidé de ne pas laisser la parole à ces militants du boycott. Le ministre de l’Intérieur a même convoqué un jeune qui s’était moqué de la campagne électorale. Les autorités locales comptent sur les femmes pour avoir un sursaut citoyen. Mais avec un circuit informel qui ne cesse de prospérer, des résultats déjà fixés à l’avance et une situation économique et sociale très critique, pas sûr que les Algériens se dirigent en masse vers les bureaux de vote.