Le salafisme « peut amener à l’islamisme radical et au terrorisme. » Cette phrase est signée Manuel Valls. Nous sommes alors en avril 2016 et le Premier ministre de l’époque a lancé une croisade contre ce mouvement « de retour aux sources », comme le définit l’islamologue Rachid Benzine. Pour Manuel Valls, « les salafistes doivent représenter aujourd’hui 1 % des musulmans dans notre pays » mais « leurs messages sur les réseaux sociaux sont les seuls qu’on entend et qui se font entendre des plus jeunes. »
Près de deux ans plus tard, Manuel Valls surfe sur les attentats de la fin de semaine dernière, qui se sont déroulés dans l’Aude, pour relancer l’offensive contre « les salafistes, les Frères musulmans, l’Islam politique » qui sont, explique le député, « nos adversaires. » Manuel Valls plaide donc pour « l’interdiction du salafisme. » L’ex-Premier ministre rappelle d’ailleurs qu’« un des imams salafistes de Marseille est en voie d’expulsion. »
Mais est-il vraiment possible d’interdire le salafisme ? Ce n’est pas l’avis d’Anouar Kbibech, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui juge l’idée « à la fois irréaliste et irréalisable. » Pour l’ancien président du CFCM, « c’est comme si, pour assurer le plein emploi, on allait décréter que le chômage était interdit. Si c’était aussi simple que cela, ça se saurait ! »
Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, les salafistes seraient 15 000 en France. L’erreur de Manuel Valls, c’est de mélanger l’Islam politique et le salafisme. Car ces salafistes français sont à 95 % quiétistes. Et donc, ils ne sont pas politisés. Les spécialistes de l’Islam estiment d’ailleurs, rappelle franceinfo, « la majorité des salafistes de France n’est pas en opposition avec l’Etat. »