En 2011, Marine Le Pen promettait « la sortie de la pauvreté de plus de 5 millions de personnes. » Finalement, la patronne du Front National n’a pas été élue. Ni en 2017 d’ailleurs. Mais elle semble avoir déjà sortie une Française de la pauvreté : elle-même. La finaliste de la dernière présidentielle vient en effet d’augmenter de façon substantielle son salaire de présidente du FN. Celui-ci est passé de 3 000 euros net à 5 000. Soit 66 % d’augmentation.
Interrogée hier sur France 2 lors de « L’émission politique », Marine Le Pen a expliqué les raisons de cette augmentation. « J’avais besoin de 2 000 de plus par mois », a argumenté la président du Front National. Ce à quoi les journalistes présents sur le plateau n’ont rien eu à redire. Besoin d’une augmentation de salaire pour boucler ses fins de mois ? Pas de problème, il suffit de demander.
Mais après tout, les affaires internes du Front National ne regardent que le Front National. Problème : le parti s’est toujours posé en défenseur des classes les plus pauvres. Une posture de façade : selon Ecolinks, un collectif regroupant des chercheurs et des enseignants en économie de gauche, le projet présenté par Marine Le Pen lors de la présidentielle 2017 aurait eu pour conséquence de favoriser les classes aisées.
En 2014, le FN avait pourtant recueilli 43 % des voix des ouvriers et 38 % de celles des employés. Mais en proposant, l’an dernier, de défiscaliser les donations ou en oubliant de réformer l’école, Marine Le Pen n’est pas apparue aussi proche des classes les plus pauvres qu’elle l’affirmait. Le programme du FN avait pour objectif de « rendre les pauvres plus pauvres », conclut Ecolinks. En s’octroyant une augmentation de salaire au FN, à défaut d’être devenue « la voix du peuple », Marine Le Pen est devenue celle des rentiers.