Il s’appelle El Mortada Iamrachen et passe à partir d’aujourd’hui en appel, après avoir été condamné en fin d’année dernière à cinq ans de prison. Ce Marocain de 31 ans était devenue une des icônes du mouvement de contestation dans le Rif. Condamné pour « apologie du terrorisme » et « incitation au terrorisme », El Mortada Iamrachen aurait fait des aveux « apparemment forcés », selon la défense.
L’ONG Human Rights Watch demande aux autorités marocaines de « réexaminer en toute urgence » la condamnation du militant condamné notamment « pour un commentaire sur Facebook concernant l’attentat qui a coûté la vie à l’ambassadeur russe en Turquie, en décembre 2016 » et pour « une autre publication dans laquelle il racontait s’être moqué d’un journaliste suspicieux en lui rétorquant avoir reçu l’ordre du ‘chef d’Al-Qaïda (…) d’importer des armes dans le Rif’. », explique l’organisation non gouvernementale.
Avançant le sarcasme des publications et commentaires incriminés, la défense n’a finalement pas réussi à libérer le jeune homme. Mais aujourd’hui, HRW estime que son arrestation pour ces posts n’était qu’un prétexte et qu’El Mortada Iamrachen a en réalité « surtout été questionné sur l’organisation du Hirak et ses détails opérationnels. »
Pour espérer le faire sortir, HRW indique que les policiers lui ont fait signer un procès-verbal « dans lequel il ’avouait’ que son intention, en publiant certains éléments sur Facebook, était de faire l’éloge d’actes terroristes et d’inciter d’autres personnes à en commettre. » Impensable selon l’ONG qui assure que le trentenaire a été « forcé de signer » le document suite à un chantage : les policiers l’auraient menacé de publier des photos de son épouse sur les réseaux sociaux.
Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, s’étonne que la justice n’ait pas enquêté sur les soupçons d’aveux forcés et rappelle qu’El Mortada Iamrachen était un militant pacifiste. El Mortada Iamrachen n’est pas le seul manifestant à s’être fait arrêter : Nasser Zefzafi, leader de la contestation, passe depuis plusieurs semaines devant le juge, comme une cinquantaine d’autres accusés.