Invité à s’exprimer sur les interventions de Laurence Rossignol et Manuel Valls, le directeur exécutif du CCIF s’est retrouvé au milieu d’un véritable guet-apens médiatique.
On ne la fait pas à Marwan Muhammad. Invité à réagir aux propos de Manuel Valls sur la mode musulmane et sur l’affaire du RossignolGate, le directeur exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) aurait pu se retrouver dans une situation similaire à celle de BarakaCity s’il n’avait pas fait preuve d’aplomb. Rappelez-vous… En janvier dernier, Idriss Sihamedi, qui dirige l’association humanitaire, était l’invité du « Supplément », sur Canal +. Convié à venir parler de Moussa, l’humanitaire français emprisonné au Bangladesh, Idriss Sihamedi s’était retrouvé piégé, obligé de se désolidariser de l’Etat islamique parce qu’il était musulman ou sommé d’expliquer pourquoi il ne serrait pas la main aux femmes. Son message concernant Moussa était alors devenu inaudible, l’affaire de la poignée de main aux femmes ayant fait le buzz plusieurs jours durant.
De Manuel Valls à l’imam de Brest
Ce mardi 5 avril, Marwan Muhammad était donc invité sur le plateau de « La newsroom » sur LCI. Après avoir pu réagir aux propos de Manuel Valls et de Laurence Rossignol pendant quelques secondes, le directeur exécutif du CCIF s’est vite retrouvé au milieu d’un réquisitoire. Il a eu le droit à une série de questions totalement hors-sujet : « Que pensez-vous des propos de l’imam de Brest qui dit que les enfants qui écoutent de la musique vont être transformés en porcs ? » ou encore « Vous n’êtes pas d’accord avec les salafistes et les Frères musulmans ? » Marwan Muhammad, interrompu à chacune de ses interventions, a ensuite dû dire s’il était pour ou contre la burqa, puis s’il était choqué que certains refusent de serrer la main d’une femme.
Malheureusement pour le journaliste de LCI, Julien Arnaud, il n’a pas réussi à obtenir le dérapage tant espéré de Marwan Muhammad, qui lui aurait garanti une campagne de buzz gratuite. Pire, le membre du CCIF a réussi à démonter en plein direct le « dispositif » médiatique qui consiste à essentialiser la parole des musulmans. « Je viens pour commenter les déclarations de Manuel Valls (…) et je finis dans la position du musulman censé justifier des déclarations qui ne sont pas les miennes, a-t-il pesté. Interrogez-moi sur ce que je dis et ce que je fais, je vous répondrai sans problème. Interroger un musulman sur les déclarations des uns et des autres, c’est exactement le mécanisme d’essentialisation qui participe aux amalgames. » Une évidence, mais c’est toujours mieux en le disant…