Et si la ville de Strasbourg permettait, d’un seul coup, de répondre au débat de la question sur les menus de substitution à la cantine ? Car il s’agit de la seule ville qui ne se soucie pas de la laïcité et qui peut donc fournir des statistiques précises sur le sujet.
La capitale alsacienne bénéficie en effet d’un statut un peu particulier. Le Concordat, en vigueur en Alsace-Moselle, donne à l’Etat l’obligation de gérer les cultes religieux connus – ils sont au nombre de quatre : catholique, luthérien, réformé et israélite –. De laïcité, il n’est donc pas question à Strasbourg, qui propose dans ses cantines jusqu’à quatre menus : classique, végétarien, halal et sans porc. Unique en France. Et malgré son fort attachement au christianisme, Strasbourg ne semble pas avoir être gênée par le halal dans les cantines et devrait inspirer les maires de Chalon-sur-Saône, de Perpignan ou encore de Béziers.
25 % des élèves prennent les menus halal
Même du côté des laïcs, on ne trouve rien à redire ! « On n’a rien contre la diversité », assure Berrnard Anclin, porte-parole d’un collectif d’organisations laïques en Alsace-Moselle. Pour lui, le seul problème serait sémantique : « On on appelle un menu « halal » ou « casher ». Il y aurait moyen de les appeler autrement car ça ne nous paraît pas très conforme à la laïcité en milieu scolaire. » Il faut dire que les menus halal ont du succès : un quart des élèves les prennent (contre 5 % des élèves pour le menu végétarien). Le supprimer reviendrait donc à priver 1 élève sur 4 de nourriture chaque midi.
Et côté budget, le menu halal ne coûte pas beaucoup plus cher à cuisiner que les autres. Seul « un léger surcoût » est à déplorer pour la mairie, notamment parce que les plats halal sont préparés la nuit pour ne pas être mélangés aux autres plats, indique Eric Wolff, directeur de l’Alsacienne de restauration, en charge de la préparation des différents menus. Des plats casher sont même peut-être bientôt prévus. Pour Eric Wolff, « produire du casher ce serait plus compliqué que le halal, car il faudrait une unité de production entièrement à part, le lieu et les outils servant à produire des aliments casher ne pouvant être utilisés pour autre chose. »
A Strasbourg, quatre menus différents dans les cantines scolaires (ici)