Du triomphe de « Voyage au bout de l’enfer » au sanglant échec des « Portes du paradis », un géant du 7e art est parti. Un réalisateur qui a passé sa vie à défendre les minorités.
Sa vie professionnelle fut un toboggan. Il n’a pas quarante qu’il reçoit l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour « Voyage au bout de l’enfer », fresque sur les vétérans du Vietnam rentré du conflit déglingué à outrances. La critique hurle au génie, le public fait un triomphe à cette production atypique. La roulette russe, scène finale entre Christopher Walken et Robert De Niro, entre dans l’histoire du cinéma. Fort de ce carton, Cimino se lance dans une fresque plus ambitieuse encore : « Les portes du paradis ». La naissance des Etats-Unis vu par un réalisateur d’exception. Après un tournage marathon – le budget explose suite aux exigences du metteur en scène – l’heure est venue de payer l’addition. La major United Artists juge le film insortable dans sa version de 3h40. Et coupe. Une version de 2h20 est présentée au Festival de Cannes. La presse lapide Cimino et ses prétentions. L’homme ne se remettra jamais de ce terrible échec. Une version restaurée de quatre heures verra le jour en 2014. Justice est rendue à ce classique qui montre le massacre d’une minorité par les élites Wasp.
Accusé de racisme avec « l’Année du dragon »
En 1985, il revient aux fantômes du Vietnam en mettant en scène un flic d’origine polonaise, vétéran, chargé de nettoyer Chinatown des triades. Mickey Rourke incarne Stanley White dans ce thriller musclé. La France lui fera un succès. Les Etats-Unis boudent et des lobbys asiatiques accusent Cimino de racisme. Il devient de plus en plus difficile à l’ex wonderboy de financer ses projets. Il travaillera longtemps à une adaptation de « la Condition humaine » de Malraux. Aucun producteur ne lui accordera sa confiance. Avec « Sunchaser », avec Woody Harrelson, il s’intéressa au traitement de la minorité indienne. Une légende a vécu. Restent deux classiques à voir et revoir.