lundi 4 novembre 2024
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Comment les Emirats arment les milices yéménites avec du matériel occidental

Le général Joseph Votel, chef des forces américaines au Moyen-Orient, a fait part de ses préoccupations à des sénateurs après une enquête de la chaîne CNN selon laquelle des équipements fournis par Washington à l’Arabie saoudite et aux Emirats avaient été utilisés par des milices au Yémen qui n’en étaient pas destinataires.

« Nous devons nous pencher plus attentivement sur les allégations dans ce cas particulier pour découvrir ce qui s’est passé », a dit mardi le général Votel devant la commission du Sénat sur les forces armées.

Mercredi, Amnesty International a publié une enquête montrant selon elle comment les Emirats sont devenus un canal majeur de distribution de véhicules blindés, de systèmes de mortier, de fusils et de mitrailleuses, des armes qui sont détournées illégalement vers d’innombrables milices qu’ils soutiennent et qui sont accusées de crimes de guerre.

« Milliards de dollars »

Depuis mars 2015, les Emirats participent, au côté de l’Arabie saoudite, à la guerre au Yémen pour soutenir le gouvernement internationalement reconnu.

Cette coalition, commandée par Ryad, combat des rebelles Houthis soutenus par l’Iran et qui contrôlent de vastes régions notamment la capitale Sanaa.

« Alors que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et d’autres Etats européens ont été critiqués à juste titre pour avoir fourni des armes aux forces de la coalition, et que l’Iran a été impliqué dans l’envoi d’armes aux Houthis, une nouvelle menace mortelle se profile à l’horizon », a dit Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armements à Amnesty.

« Le Yémen devient rapidement un refuge sûr pour des milices soutenues par les Emirats », s’est-il inquiété.

« Les forces émiraties reçoivent des milliards de dollars d’armes des Etats occidentaux et d’autres pays pour les détourner vers des milices au Yémen qui ne rendent de comptes à personne et sont connues pour commettre des crimes de guerre » dans un pays au bord de la famine, s’est encore insurgé M. Wilcken.

Les groupes qui reçoivent ces armes -y compris ceux qu’on appelle « Les Géants », la « Ceinture de sécurité » et les « Forces d’élite »- sont formés et financés par les Emirats, mais ne sont responsables devant aucun gouvernement, affirme Amnesty, basée à Londres.

Certains d’entre eux sont accusés de graves violations des droits humains, notamment pendant l’offensive contre la ville portuaire de Hodeida (ouest) et dans le réseau de « prisons secrètes » appelées « sites noirs », soutenu par les Emirats dans le sud du Yémen et où des cas de torture ont été signalés, selon l’organisation.

Selon CNN, la coalition menée par l’Arabie saoudite a transféré des armes et des véhicules militaires fabriqués par les Etats-Unis à des combattants liés à Al-Qaïda, des milices salafistes radicales et d’autres groupes.

Forces hétéroclites

« Nous prenons les allégations de mauvais usage d’équipement de défense d’origine américaine très au sérieux, et lancerons des enquêtes promptement une fois reçues des preuves crédibles », a déclaré Johnny Michael, un porte-parole du Pentagone.

Toute enquête serait au final menée par le département d’Etat américain, qui a dit chercher à obtenir des informations complémentaires.

« Nous attendons de tous les destinataires d’équipement de défense de fabrication américaine (…) qu’ils ne transfèrent pas de l’équipement sans une autorisation préalable du gouvernement américain », a indiqué à l’AFP un porte-parole du département d’Etat.

La coalition menée par Ryad est composée de forces très hétéroclites comprenant des soldats de l’armée yéménite et des groupes armés sunnites de diverses obédiences.

En décembre, le Sénat américain avait approuvé une résolution, largement symbolique, appelant à mettre fin au soutien militaire de Washington à la coalition.

Le conflit au Yémen a fait quelque 10.000 morts, en majorité des civils, et plus de 60.000 blessés depuis mars 2015, selon un bilan partiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Mais des ONG affirment que le nombre de morts est largement supérieur, certaines citant un chiffre cinq fois plus élevé.

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