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Mosquée de Torcy : une fermeture politique ?

Selon une « note blanche » émise par les services de renseignement, dont certains extraits ont été publiés par Le Parisien, l’ordonnance du tribunal administratif de Melun confirme la fermeture de la mosquée de Torcy suite à l’obtention de « faits précis et circonstanciés » par l’administration. L’imam du lieu de culte francilien, indique notamment cette note, a déclaré le 21 octobre dernier « que les ennemis de l’Islam étaient les Occidentaux et qu’il fallait éduquer les jeunes musulmans et leur enseigner l’Islam pour mieux combattre les mécréants » ou encore « que la France menait au nom de la liberté une guerre contre les musulmans et qu’ils allaient combattre grâce aux jeunes et à Allah. » A plusieurs reprises, indique encore l’ordonnance, l’imam « a fait référence aux djihadistes et a sollicité l’aide d’Allah en leur faveur afin de détruire les ennemis de l’Islam, des ennemis de l’intérieur, ici en France et ailleurs. » Me Vincent Brengarth, l’un des deux avocats de l’association Rahma, conteste fermement ces accusations. Il revient sur cette affaire.

LeMuslimPost : Quel est le contexte autour de cette fermeture ?

Me Vincent Brengarth : On estime que c’est une mesure qui s’inscrit dans un calendrier précis, qui est à la fois un calendrier électoral, mais aussi lié à la tenue depuis le 20 avril du procès de la cellule terroriste Cannes-Torcy. On voit bien qu’il y a véritablement une logique de confusion entre les deux dossiers, même si le ministère de l’Intérieur s’en défend. On voit aussi que la fermeture administrative de la mosquée a entraîné d’autre mesures encore plus contraignantes. Elle a entrainé non seulement une initiative du ministère de l’Intérieur de dissoudre l’association Rahma et également la suspension administrative de Monsieur Bouhnik en tant qu’enseignant.

Selon vous, la fermeture de la mosquée serait un « dommage collatéral » du procès de la cellule Cannes-Torcy?

Chacun fait son analyse de la situation, mais on se retrouve quand même avec une fermeture administrative qui intervient dix-huit jours avant l’ouverture d’un procès de grande ampleur. Si véritablement, il y avait du prosélytisme, de l’incitation au djihad et un lien entre ces incitations au djihad et la cellule Cannes-Torcy, on n’imagine pas un instant qu’il aurait fallu attendre plus d’un an et demi après le début de l’état d’urgence pour que l’on décide de fermer la mosquée de Torcy.

Quels recours avez-vous engagé ?

Toutes ces mesures, nous les avons évidemment attaquées. Nous avons attaqué la première, qui est celle de la fermeture, en faisant des observations sur l’intention de dissoudre l’association.

Mais la « note blanche » publiée aujourd’hui, vous la contestez ?

La grosse difficulté de ce dossier, c’est que toute l’argumentation du ministère de l’Intérieur repose sur cette fameuse « note blanche » et que ce sont des affirmations péremptoires, notamment sur les formules de prêche qui auraient étaient tenues. Aujourd’hui, personne n’est capable de produire les enregistrements. Les extraits de cette note blanche sont uniquement disponibles à l’écrit. On peut y lire des dates, des « il a été tenu tels propos » sans aucun témoignage. Et puis, une note blanche est un document qui n’est ni daté, ni signé.

« On parle de prêche qui datent d’il y a plusieurs années »

Est-ce la manière habituelle de procéder ?

Alors, c’est habituel comme manière de fonctionner dans le cadre de l’état d’urgence, à l’exception près que ce que l’on retient, c’est la nécessité que les notes soient suffisamment précises et circonstanciées. Mais, dans un dossier comme celui-ci, où vous avez certains des prêches qui datent d’il y a plusieurs années, le minimum aurait quand même été d’avoir un élément extrinsèque qui viendrait corroborer les affirmations. Encore une fois, si le ministère de l’Intérieur a la mémoire des prêches qui se seraient tenus il y a plusieurs années, c’est que, certainement, il doit avoir des notes quelque part, voire des enregistrements. Et ce nous demandons, c’est que ces éléments soient produits dans le cadre des débats.

Concernant la suspension de l’imam Abdelali Bouhnik par le rectorat, quelle est votre position ?

On se retrouve quand même dans une situation surprenante, avec cette suspension administrative par le rectorat de Monsieur Bouhnik pour prosélytisme. Vous avez un arrêté qui n’est absolument pas motivé. Aucune motivation n’est convenue dans la décision du rectorat. Il y a, à un moment, une nécessité aussi de faire en sorte que les recours puissent exercés avant de prendre des mesures aussi graves, d’autant qu’elles font l’objet d’une large médiatisation.

Au vu des accusations graves, on se demande pourquoi Abdelali Bouhnik peut continuer ses prêches…

Cela fait partie des nombreuses contradictions que nous avons dans ces dossiers. Effectivement, vous avez des mesures qui sont à géométrie variable. Parfois, vous allez avoir une assignation à résidence, un gel des avoirs, voire des expulsions. Et puis parfois, une suspension de fonctions. C’est quand même une mesure qui va poursuivre Monsieur Bouhnik toute sa vie. On imagine mal, dans ces conditions, une décision favorable à l’issue des quatre mois de suspension. Une décision qui, j’insiste, a fait l’objet d’un recours.

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