Ce vendredi, Muhammad Ali est décédé. Le champion du monde de boxe restera comme l’une des légendes du sport.
C’est la disparition d’un véritable symbole. Aussi sage que combatif, aussi déterminé qu’affaibli… Muhammad Ali vient de partir. Le boxeur restera comme l’un des héros du 20e siècle. Son dernier combat, il l’avait mené contre la maladie. Son dernier round, c’est contre Donald Trump qu’il l’avait remporté. Le candidat à la primaire républicaine aux Etats-Unis avait fait l’amalgame entre musulmans et terroristes. « En tant que musulmans, nous devons nous lever contre ceux qui utilisent l’Islam pour servir leurs propres intérêts », avait rétorqué l’ancien champion du monde de boxe. Avec 56 victoires sur 61 combats, le champion du monde poids lourds a dominé la WBA et le WBC pendant quinze ans. Avant de partir, Muhammad Ali avait écrit, dans un communiqué : « Je suis musulman et tuer des gens innocents à Paris, San Bernardino ou n’importe où ailleurs dans le monde, ça n’a rien à voir avec l’Islam. » L’ancien boxeur estimait qu’il était du devoir des dirigeants politique d’« utiliser leur position pour faire progresser la compréhension de l’Islam et dire clairement que ces meurtriers égarés ont perverti les idées des gens sur ce qu’est l’islam. »
« Brisé, défait, mis K.-O. plusieurs fois »
En 1964, au lendemain de son premier titre de champion du monde des poids lourds, Cassius Clay avait révélé sa conversion à l’Islam. A 22 ans, Clay devenait Muhammad Ali. Deux ans plus tard, Muhammad Ali refuse de combattre au Vietnam et devient objecteur de conscience. Et, malgré sa condamnation à cinq ans de prison — peine qu’il n’effectuera pas, mais il sera dépossédé de son titre mondial et de sa licence de boxe —, la Cour suprême finit par annuler la sentence : il est permis de refuser de se lancer dans une guerre pour des raisons religieuses. Celui qui a été, comme il le dit lui-même, « brisé, défait, mis K.-O. plusieurs fois » devra attendre le 30 octobre 1974 pour entrer définitivement dans la légende. A Kinshasa, au Zaïre, lors du « combat du siècle », il récupère sa ceinture de champion du monde face à George Foreman. Un match en 8 rounds qui reste certainement l’un de plus grands moment du sport.
Reçu par Mobutu, à l’époque, Muhammad Ali lance une phrase qui restera dans les annales pour dénoncer le racisme aux Etats-Unis : « Monsieur le président, je suis citoyen américain depuis plus de trente-deux ans et je n’ai jamais été invité à la Maison Blanche. Soyez assuré de l’honneur que vous me faites d’être convié à la maison noire. » Lors de son pèlerinage sur le mont Arafat, le jour du Hadj, il dit son émotion d’avoir vu « des gens appartenant à des couleurs, races et nationalités différentes, rois, hommes d’états et hommes ordinaires de pays très pauvres, tous enveloppés de deux draps blancs simples, le même pour tous, priant Dieu (…) sans aucun complexe de supériorité ou d’infériorité entre eux. » « C’était une des manifestations pratiques et concrètes du concept d’égalité de l’Homme en Islam », dit-il. Atteint de la maladie de Parkinson, Muhammad Ali est parti ce 3 juin 2016.